93e session : une renaissance, une série de prestige, six longs métrages

  • 20.02.2019

Après une année 2018 record sur tous les plans (nombre de dossiers cofinancés, montant global investi …), Wallimage commence 2019 sur les chapeaux de roues. À l’issue d’une première session de très haut niveau, le conseil d’administration du fonds a décidé de soutenir HUIT projets : six longs métrages, une série animée, une série live. En tout, ce sont 1.410.000 euros qui ont été investis, le CA rencontrant ainsi à 100% la demande des producteurs sélectionnés.

 

La vraie bonne nouvelle de cette 93e session de l’histoire de notre fonds est la deuxième renaissance du Phénix Digital Graphics. Emmenée par une toute nouvelle équipe, la société d’Alleur nous a amené un solide dossier d’animation. Les 52 épisodes de onze minutes des Blagues de Toto, adaptés de la bande dessinée à succès, seront en partie réalisé en province de Liège avec dès le mois de mai, 22 artistes à l’œuvre dont 12 chefs de postes. Au total la production s’échelonnera sur 16 mois, soit plus de 4500 jours /homme. Les voix allemandes seront enregistrées à Genval les Dames par des acteurs issus des cantons rédimés et une équipe de scénaristes belges planchent actuellement sur 11 scénarios spécifiques. Ce projet est le premier d’une série de six initiés par les Français de Superprod qui devraient s’enchaîner dans les studios liégeois ces prochaines années. De quoi remettre sur les rails un des fleurons historiques de l’audiovisuel wallon, nominé quatre fois aux Oscars dans son ancienne incarnation.

 

L’autre studio qui sort grand vainqueur de cette session de financement est Benuts qui, grâce à Scope Pictures, remporte le plus gros contrat de son histoire : la réalisation de tous les effets spéciaux de la série de prestige norvégienne, Atlantic Crossing. Nous sommes à l’aube de la Seconde Guerre mondiale et la Princesse Martha, héritière du trône de Norvège (sœur de notre reine Astrid), part aux États-Unis avec ses trois enfants. Là-bas, elle va convaincre le président Roosevelt d’aider son pays et de s’opposer à Hitler contre l’avis de nombreux Américains. Avec un budget global de plus de 21 millions d’euros, Atlantic Crossing ambitionne une diffusion internationale d’autant que son casting réunit Sofia Helin (Bron/Broen), Tobias Santelmann (Borderliner sur Netflix) et le grand Kyle McLachland (Twin Peaks).

 

Cosmogony (re)présenté par Wrong Men est aujourd’hui un film majoritairement belge d’un point de vue financier. Il s’agit d’un survival écologique signé par le Français Vincent Paronnaux, plus connu dans le monde de la BD sous son pseudo Winshluss. Il a notamment remporté le Fauve d’or du meilleur album au festival d’Angoulême avec Pinocchio. Notons que cette année il est nommé pour le César du meilleur court métrage d’animation avec La Mort, père et fils qu’il a coréalisé avec Denis Walgenwitz. Point de dessins ici, mais des acteurs en chair et en os qui évolueront dans les forêts wallonnes. Petit clin d’œil de l’histoire, les deux protagonistes principaux de l’histoire viennent, chacun, de décrocher le Magritte du meilleur second rôle : Lucie Debay pour Nos Batailles et Arieh Worthalter pour Girl. 38 techniciens wallons dont 11 chefs de poste officieront sur ce film qui est aussi la 4e collaboration entre Wrong Men et les Irlandais de Savage qui sortent à peine du Festival de Sundance où ils ont présenté ensemble The Hole in the ground… un autre thriller cofinancé par Wallimage.

 

Alors que Paris est sous eau, une sirène surgit dans la vie d’un doux rêveur qui tombe immédiatement amoureux d’elle, sans être conscient des risques qu’il court. Poésie, fantaisie, un soupçon d’Amélie Poulain, un zest de Boris Vian, Une Sirène à Paris promet beaucoup. D’autant qu’il sera signé par Mathias Malzieu (Jack et la mécanique du cœur), par ailleurs écrivain et chanteur de Dyonisos. Il accompagnera son film d’un roman et d’un cd. Le tournage se déroulera entre la France et la Macédoine du Nord (studio) avec un casting croustillant : Reda Kateb, Clémence Poésy, Rossy De Palma, en tête. Grâce à Entre Chien et Loup, 20 techniciens dont 12 chefs de poste seront wallons avec notamment une équipe son top qualité (Mertens, Gauder, Bastien, Van Leer). La location de l’éclairage et du matériel de prises de vues se fera chez Eyelite, la machinerie chez KGS, l’étalonnage et travail du son chez Genval les Dames, et les VFX chez l’Autre compagnie pour plus de cent mille euros.

 

Une jeune fille rencontre un homme âgé qui pourrait être son grand-père. Les deux personnages ont en commun d’être d’origine italienne, d’avoir passé leur enfance et leur adolescence en Italie, mais de vivre à Luxembourg. Io Sto Bene est une histoire d’immigration, basée sur deux époques qui s’entrecroisent et se répondent. Tarantula Belgique (qui réussit un sans-faute depuis de longs mois) nous a ici proposé un projet de sa jumelle luxembourgeoise, écrit et réalisé par Donato Rotunno, le patron de Tarantula Luxembourg. Le projet est pourtant très wallon avec plus de 15 jours en région et une large équipe wallonne (36 membres, dont 10 chefs de postes). Comme la cantine, la location du son et des décors, les bruitages chez Genval les Dames et les VFX chez Mikros Liège.

 

On retrouve d’ailleurs Joseph Roushop sous la bannière Gapbusters qu’il partage avec Jean-Yves Roubin pour un autre film ayant émergé lors de cette session. Un Voyage en hiver, deuxième film de fiction du documentariste Claus Drexel conte l’histoire de Christine, une SDF qui organise sa solitude entre distributions de nourriture et errances dans le centre de Paris. Par une froide nuit d’hiver, un garçon érythréen de 8 ans vient sangloter devant la porte du local technique où elle a trouvé refuge. Christine comprend qu’il a été séparé de sa mère. Ensemble, liés par leur marginalité, ils vont partir à sa recherche dans les rues de la capitale. Magistralement documenté et écrit, ce scénario d’utilité publique permettra à sept Wallons, dont cinq chefs de poste, de côtoyer Catherine Frot à la base de ce projet. Philippe Guilbert sera le chef opérateur de l’aventure. Plus de cent mille euros seront investis dans l’industrie audiovisuelle wallonne avec location éclairage et Prise de vue chez Eyelite, matériel son (WNM), le travail du son à Genval et deux jours de tournage à l’aéroport de Liège.

 

Sur un schéma de production proche, Umedia nous a proposé La Bonne épouse, nouveau long métrage de Martin Provost, connu pour n’avoir jamais déçu le public que ce soit avec Marguerite, Sage Femme, Où va la Nuit ou Séraphine. Il réunit ici Juliette Binoche, Yolande Moreau, Noémie Lvovsky et Jean-François Balmer pour un sujet aux échos très contemporains. A la mort de son mari, Juliette Binoche devient la directrice d’une école qui forme de parfaites femmes d’intérieur comme les hommes aimaient les façonner à l’époque. Mais nous sommes en 1968 et une révolution est en train de naître. Treize personnes dont dix chefs de poste, de la location de matériel chez TSF.be des VFX chez Benuts et le travail du son (mix, montage et bruitage) chez Dame Blanche Genval composent un petit dossier attrayant avec un vrai potentiel commercial.

 

La société bruxelloise réussit d’ailleurs un joli doublé en nous proposant un deuxième dossier à l’attention de Netflix. Après La femme la plus assassinée du monde, c’est La Terre et le Sang que Wallimage va cofinancer. Le nouveau film de Julien Leclerc avec qui nous avons déjà collaboré sur Lukas a été encore une fois coécrit par Jérémy Guez qui réalisera The Sound of Philadelphia que nous avons décidé de cofinancer lors de la dernière session de 2018. Quel grand chelem ! Ce thriller sans concession sera tourné en Belgique, essentiellement dans la région de Namur. La location du matériel se fera chez TSF et AVLM, la cantine sera assurée par Anne et Fred, Benuts se chargera des VFX tandis que Piste rouge et l’équipe Wallonie s’occuperont du travail sur le son. On notera que ce sera le tout dernier tournage d’Olivier de Laveleye et on comprend pourquoi il a accepté de prolonger légèrement sa carrière pour y participer : un énorme budget a été affecté aux très nombreux SFX spectaculaires qu’il devra gérer sur le plateau. Sept autres techniciens wallons dont quatre chefs de poste seront aussi à l’ouvrage sur le film qu’on découvrira en 2020 à travers le monde entier sur la plate-forme numérique n°1.