Investissement record pour une 99e session sous tension sanitaire

  • 07.04.2020

À circonstances exceptionnelles, décisions exceptionnelles : il a été convenu de pousser les curseurs pour soutenir au maximum les producteurs qui nous ont sollicités et tous les techniciens, artistes et prestataires wallons qui vivent actuellement dans la peur de voir leur santé financière s’effriter par manque de projets localisés en Wallonie.

Sur ces bases, le CA de Wallimage a décidé de cofinancer 11 projets pour un total de 1.670.000 euros ce qui constitue un nouveau record dans l’histoire du fonds, mais n’entame en rien nos réserves pour les trois prochaines sessions toujours programmées en juin, septembre et novembre. On notera qu’il ne s’agit pas de « cadeaux » octroyés à des dossiers mineurs, mais d’un soutien inconditionnel à des projets qui méritaient tous leur place dans notre line-up.

Parmi les lauréats, on pointe avec plaisir deux longs métrages initiés en Belgique.
 

Entre la vie et la mort nous a été présenté par Frakas. L’auteur de son scénario en sera également son réalisateur. Son nom ? Giordano Gederlini, coscénariste virtuose de Duelles, de Tueurs et aussi des Misérables. Joli CV ! L’histoire qu’il s’apprête à mettre en images est captivante de la première à la dernière page et promet un thriller d’action assez inhabituel sur nos terres avec en tête d’affiche Antonio De la Torre (La Isla minima) et Marina Vacth. Plus une B.O. composée par Laurent Garnier. Classe ! Trois jours de tournage seulement sont prévus en Wallonie (le reste se déroulant essentiellement à Bruxelles) pour une équipe de 19 personnes. Rayon dépenses wallonnes, on note de la location chez Eye Lite, des VFX à l’Autre Compagnie, du bruitage à Genval et le mastering chez Charbon.

 

Dans un tout autre registre, L’Empire du Silence est un projet documentaire international, orchestré par Thierry Michel et naturellement produit par les Films de la Passerelle. Il s’articule, comme à la bonne habitude de cette maison de production, sur des bases très wallonnes. Particularité de ce projet : un budget transmédia est dédié au travail des Wallons de Hors Zone qui assureront sa promotion originale sur les réseaux sociaux et développeront des capsules destinées à apporter des informations complétant ce qui aura été vu dans le film. Cetemi, Dame Blanche Genval, partenaires habituels de La Passerelle sont ici rejoints par Aware, nouvelle société liégeoise fondée par Benjamin Dontaine et Idris Gabel. Une bonne nouvelle de plus !

 

Le long métrage destiné au cinéma est certainement le grand gagnant de cette 99e session avec huit lauréats, signant un retour en force après quelques mois de domination télévisuelle.

Le film de genre est bien sûr de la partie, avec deux longs qui s’annoncent intenses.
 

Piove est une coproduction entre l’Italie, l’Argentine et les Wallons de Gapbusters. Présenté en juillet dernier au marché Frontières à Montréal, ce long métrage de Gustavo Hernandez nous plonge dans la ville éternelle, soudain envahie par d’étranges effluves qui ont des effets retors sur les Romains. Toute la partie belge de la production sera wallonne avec 17 jours de tournage dans les studios Keywall à Marcinelle, 26 personnes à l’œuvre, notamment pour la déco, les SFX sur le plateau (Lionel Lé) et le son (Henri Morelle). Pour le reste, on notera de la location, les VFX chez Benuts et la musique originale confiée à un compositeur wallon bien connu (son nom est encore sous embargo).

 

Plus habituel (pour nous), The Ten Steps est la cinquième coproduction entre Benoit Roland (Wrong Men) et l’Irlandais Conor Barry (Savage Productions) : preuve de leur efficacité économique, nous les avons toutes soutenues. Ce film d’horreur très classique, mais susceptible de capter l’attention d’un public assez large, sera signé par Brendan Muldhowney (Pilgrimage). Il sera vendu à l’international par Epic ce qui est un gage de qualité évident. Le tournage sera irlandais avec 13 Wallons qui effectueront le déplacement, mais toute la postproduction sera wallonne : étalonnage et bruitage à Genval, tous les VFX chez Mikros, le montage son chez Dessine-moi un son et le mixage au studio L’Equipe Wallonie.

Harkis nous entraînera, lui, en Algérie grâce aux Films du Fleuve qui coproduisent ce drame historique et politique signé par Philippe Faucon et emmené par Vincent Rottiers et Benoit Magimel. Nous plongerons ainsi dans la fin de la guerre d’Algérie en suivant le parcours d’une « harka » (formation de supplétifs algériens), recrutée par l’armée française, puis démobilisée et abandonnée sur place après le cessez-le-feu. Le tournage se déroulera essentiellement au Maroc et dans le sud de la France. 28 Wallons y participeront. Le montage et le mixage son se feront chez Bardaf au Pôle image de Liège, les VFX, l’étalonnage et le mastering chez Mikros et le bruitage chez Dame blanche à Genval.

D’une guerre à l’autre, L’Enfant caché nous emmènera à Vienne, en 1937, au moment où de nombreux enfants juifs sont envoyés dans d’autres pays pour échapper aux désastres qui s’annoncent. Il s’agit en fait d’un film… dans le film. L’essentiel de l’action se déroule à Bruxelles dans les années 80 où un jeune cinéaste chilien prépare son premier long métrage avec le soutien du patron d’un Delicatessen dont il raconte l’histoire. Adapté d’un roman d’Henri Roanne-Rosenblatt, L’enfant caché sera réalisé par le producteur Nicolas Steil (Iris) et proposera un casting solide composé de Simon Abkarian, Pascale Arbillot, André Jung et Michel Villemoz. Entre autres. 18 jours de tournage seront localisés en Wallonie pour figurer… Vienne avec une imposante équipe wallonne de 52 personnes. Du matériel loué chez Eye Lite, KGS et Location Consulting et Facilities, la cantine par Max Cook, l’étalonnage chez Mikros, et des VFX wallons complètent les dépenses régionales d’un des excellents dossiers de cette session.

Également filmé en partie en studio, Vous n’aurez pas ma Haine (Frakas) est adapté du livre du journaliste Antoine Leiris qui perdit son épouse lors des attentats du Bataclan. Alors que tous les producteurs français espéraient en acquérir les droits, l’auteur les a cédés à la société allemande Komplizen Film GmbH. Il voulait ainsi que le réalisateur Kilian Redhof, dont l’approche l’avait séduit, en prenne les commandes. C’est Pierre Deladonchamps qui incarnera le personnage principal de ce drame intimiste et bouleversant. TSF équipera techniquement le studio de Cologne qui accueillera le tournage des intérieurs tandis que Karaboutcha, Benuts, Bardaf, Cob Studio et Charbon seront les autres entreprises wallonnes impliquées dans le projet.

Le dernier long métrage sélectionné lors de cette session est un film d’animation produit par Movi3D et conjointement réalisé par Ben Stassen et Benjamin Mousquet. Alors que NWave termine actuellement la suite de Big Foot junior, le studio vient de débuter la mise en fabrication de Chickenhare. Imaginez qu’Indiana Jones est un poulet déguisé en lièvre, flanqué d’une tortue sarcastique et d’une femelle putois adepte des arts martiaux et vous aurez une petite idée du délire et des aventures en cascades qui attendent le spectateur en 2022. Le soutien de Wallimage concerne ici principalement la vingtaine de Wallons qui travaillent d’arrache-pied pour deux longues années sur ce futur blockbuster du cinéma d’animation.

 

Deux séries viennent s’ajouter à ces huit films de cinéma.

Produit en Norvège par Cinenord et coproduit chez nous par Scope (le duo qui nous a déjà apporté Atlantic Crossing), la deuxième saison de Wisting est toujours adaptée des excellents romans de Jørn Lier Horst. Le casting est essentiellement norvégien, mais on trouve néanmoins dans les rôles principaux l’Américaine Carrie-Ann Moss, connue pour ses compositions dans Matrix et Memento. 60 jours de tournage sur 80 sont prévus chez nous avec 36 Wallons sur le pont. La post-production son sera effectuée à Liège chez Bardaf et les VFX chez Benuts. En complément, Genval les Dames travaillera sur la post-prod image, plus de 100.000 euros seront consacrés au catering. Et 120.000 à la location. Solide !

L’autre série est plus connue des téléspectateurs belges qui ont pu suivre ses deux premières saisons sur France 2 (plus de 4 millions de spectateurs pour chaque soirée). Toujours inspirés de l’univers de Jean-Christophe Grangé et articulé autour d’un solide duo d’acteurs composé d’Olivier Marchal et de la belge Erika Sainte, quatre épisodes de la saison 3 des Rivières pourpres seront filmés chez nous, coproduits comme d’habitude par Umedia. Les dépenses wallonnes sont focalisées sur 13 personnes, de la location chez KGS, AVLM et Macadam Car et de la postproduction au Studio l’équipe Wallonie (montage son, bruitage, mix son, étalonnage et mastering).

Le dernier projet retenu lors cette session est une série documentaire pour la télévision. Mais pas que…

Certains d’entre nous compilera 10 portraits de grands sportifs qui ont été victimes à un moment de leur vie de discriminations. Ces capsules de 10 minutes qui s’articuleront sur des interviews, des images d’archive et de l’animation, sont aussi destinées au web mobile. C’est Hors Zone qui produit la partie belge (deux épisodes), prenant en charge toutes les phases de la réalisation, sauf l’animation. La filière son sera confiée à Cosounders (PIL).
 

Malgré les circonstances difficiles que tout le monde connaît, la prochaine session de Wallimage se tiendra bien en juin. Ce sera la centième du fonds wallon. Un bien curieux anniversaire que nous espérons néanmoins fêter dans des conditions plus enthousiasmantes que celle qui vient de s’achever. Haut les cœurs !