101e session Wallimage : huit nouveaux projets, plus de 1.3 million investi.

  • 13.10.2020

Réuni pour une 101e session très particulière, dans le contexte angoissant qu’on connait, le conseil d’administration de Wallimage, réuni à Mons dans la grande salle gothique de la Maison Communale (distanciation oblige), a porté son choix sur huit projets pour un investissement total dépassant 1.3  million d’euros. La sélection est dominée par deux séries d’animation qui généreront de manière cumulée plus de 13.000 jours de travail en Wallonie. Soit plus de 35 ans de travail, sept jours sur sept, pour une seule personne, histoire de vous donner une idée de l’impact de ces travaux.

 

Anna and friends nous a été proposé par Digital Graphics Animation. Il s’agit d’une série d’animation pre-school comportant 78 épisodes de 7 minutes, coproduite par Superprod en France et Atmosphère Media en Allemagne. L’entièreté de la part belge de fabrication se fera à Alleur chez Digital Graphics Studio qui prendra en charge les storyboards de 26 épisodes, mais aussi (pour les spécialistes) le props modelling/texturing/rigging ainsi que les layouts 3D pour les 78 épisodes, l’animation de 11 épisodes et enfin le rendering et le lighting pour l’ensemble de la série. Et ce n’est pas tout : la bande originale sera composée par Michel Duprez et les prestations son seront opérées chez Dame Blanche à Genval.

 

Monster Loving Maniacs n’a rien à envier à ce premier remarquable projet. Présentée par Belvision, cette série initiée au Danemark fut très commentée au Cartoon forum de Toulouse en 2019. Pour Dreamwall, il s’agit d’une opportunité très intéressante de montrer son savoir-faire aux professionnels scandinaves. Le studio carolo a élaboré le pipe de ce projet 2D et s’occupera de la totalité des rigs ainsi que de l’animation de 44 épisodes sur 52. Une équipe de 38 personnes sera à l’œuvre pendant un an et demi pour un total de 9.518 jours/homme. Un nouveau record pour Wallimage.

 

Une série de projets retenus à cette session sont d’initiative 100% belge. Dans des domaines très divers, ils nous ont paru incontournables.

 

C’est de famille sera le premier long métrage de fiction d’Élodie Lélu qui signe ici, avec Jean-Claude Van Rijckeghem et Gladys Marciano, un scénario magnifique dans une économie de moyens impressionnante. Quelques personnages bien dessinés, une situation exploitée dans l’humour, la tendresse et l’émotion, d’incessants rebondissements qui n’ont rien d’artificiels… On a rarement la chance de lire des textes de cette qualité. Iota produira ce film tourné en Wallonie avec un casting très wallon composé de Fantine Harduin et Bouli Lanners aux côtés d’Hélène Vincent qu’on attend avec impatience dans ce rôle de grand-mère féministe atteinte de la maladie d’Alzheimer. 47 régionaux dont 6 chefs de poste travailleront sur ce projet, mais on note aussi évidemment de la location de matériel, des décors, des costumes, des véhicules de jeu tandis que le montage se fera à Genval les Dames.

Dans un tout autre genre, 1985 est une série belge initiée en Flandres chez Eyeworks. Les huit épisodes de 50 minutes coproduits de concert par la RTBF et la VRT éclaireront la face sombre de la Belgique durant les années 80 pour un récit très étayé qui risque de secouer pas mal d’idées reçues. Des informations recueillies et vérifiées pendant près de neuf ans ont permis aux auteurs de reconstituer un puzzle saisissant dont le cœur est évidemment l’odyssée sanglante des tueurs du Brabant. De nombreuses scènes ont lieu en Wallonie et une partie du casting sera wallon. 19 régionaux dont six chefs de poste participeront à cette aventure tandis que Benuts s’attachera à rendre crédibles les fusillades et tentera d’accentuer l’esprit de l’époque en enlevant les anachronismes visuels. Le bruitage aura lieu chez Sonhouse, à Seneffe.

 

Tout petit projet documentaire par ses dépenses, mais foudroyant par son sujet et son traitement, Des corps et des batailles nous plonge en immersion dans la lutte contre le Covid-19 au sein du CHU de Liège pendant le mois d’avril 2020. Christophe Hermans qui a dû délaisser la postproduction de son long métrage La Ruche s’est lancé dans cette aventure harassante avec une équipe ultra réduite, soutenu par l’ASBL Dérives, le WIP et Frakas. Le réalisateur, comme le chef opérateur, le compositeur, le preneur de son ou le directeur de production sont wallons. Le montage image s’est fait chez Waooh!, le matériel son a été loué chez Yvolu tandis que l’étalonnage et le mastering se feront chez Charbon.

Dans un autre registre documentaire, Iota nous a amené un superbe projet de Julie Gavras intitulé Cherchez la femme qui retrace en trente épisodes de deux minutes trente la destinée de trente grandes dames d’exceptions oubliées ou gommées des livres d’histoire. Le tout en animation avec un humour décapant et beaucoup d’impertinence. Les dépenses wallonnes concernent quasi exclusivement des salaires de techniciens wallons. Dreamwall s’occupera du compositing et du motion design spécifique aux techniques de l’animation en stop motion tandis que Dame Blanche s’occupera du montage son, du bruitage et du mixage. A Genval, bien sûr.

 

Les deux derniers projets retenus par le C.A. sont des longs métrages de fiction en coproduction minoritaire, mais leurs aspirations et leur budget sont pour le moins dissemblables.

Malgré des conditions très compliquées liées au Covid et à des mesures françaises très favorables pour l’industrie nationale, Umedia a réussi à ramener en Belgique une partie de la production de Couleurs de l’incendie, deuxième volet de la trilogie Les enfants du désastre, adapté des romans de Pierre Lemaître. Après Albert Dupontel pour Au-revoir Là-haut, c’est Clovis Cornillac qui dirigera cette grosse production Gaumont réunissant sur l’écran Léa Drucker et Benoit Poelvoorde dans un rôle dramatique.  Même s’il n’y a pas de tournage wallon, Bardaf assurera à Liège le montage son tandis que le studio COB s’occupera de la reconstitution sonore. Benuts réalisera pour sa part une large part des VFX pour recréer le Paris de l’entre-deux-guerres.

 

Plus intime, Perhaps est une coproduction belgo-bulgaro-macédonienne (un schéma inédit à notre connaissance) pilotée chez nous par Griselda Gonzalez Gentile (Be Revolution Pictures) que Wallimage Coproductions soutient ici pour la toute première fois. Le tournage de ce petit polar très noir qui parle d’une arnaque menée par deux femmes dans un milieu mafieux très patriarcal fera une halte de sept jours en Wallonie avec une équipe de 31 personnes dont 16 chefs de poste. Côté dépenses techniques, on note de la location chez EyeLite et KGS, de l’étalonnage et du mixage son à L’Équipe Wallonie (à Bierges, donc). Cerise sur le gâteau, la bande originale sera signée par le Wallon Simon Fransquet (Nous Quatre, Au temps où les Arabes dansaient).