La troisième session de financement de l’année 2018, qui est aussi la 90e organisée à Mons, s’inscrit dans la lignée des deux premières : pas mal de dossiers, brillants, et l’obligation pour le CA de Wallimage d’opérer des choix compliqués, dictés par l’analyse économique des projets proposés.
La diversité est à nouveau au cœur des films (pas de série cette fois) ajoutés au line-up du fonds wallon avec deux projets majoritaires, des longs métrages initiés en France, mais aussi en Italie ou au Luxembourg, tournés ou postproduits en Belgique, des films de genres, des blockbusters, des films aux budgets beaucoup plus modestes et un casting international plus qu’alléchant avec notamment Omar Sy, François Damiens, Charles Berling, Philippe Torreton, Sandrine Bonnaire, William Hurt ou encore Émilie Dequenne. Séduisant non ?
Évidemment, l’objet de notre analyse est économique et notre intérêt se focalise sur les dépenses effectuées en Wallonie, au moment du tournage (en termes de location, de techniciens, etc..) ou de la postproduction (son, image, VFX…). Parfois pourtant, c’est l’occasion qui fait le larron et la star d’ici qui accentue l’identité belge d’un film étranger.
Quand Michel Hazanavicius décide d‘écrire Le Prince Oublié il ne pense pas forcément à venir compléter son budget en Belgique, ni à y travailler. Mais lorsque François Damiens surgit au casting, l’idée de trouver un coproducteur belge nait. Les discussions progressant, en plus du salaire de l’acteur, c’est beaucoup plus d’un million de dépenses, essentiellement consacrées aux effets spéciaux qui sont dédiés à la Wallonie et plus précisément à Mikros qui va pouvoir s’amuser sur ce film drôle, touchant et très inventif qui requiert un univers visuel qu’on soupçonne fascinant. Une partie du matériel notamment la caméra et l’éclairage comme la composition et l’enregistrement de la musique (General Score), le laboratoire, une partie du montage et le bruitage chez Dame Blanche Genval complètent une offre… irrésistible, signée Belga Films.
Deux autres gros films français vont venir effectuer des dépenses importantes en Belgique grâce au soutien de Wallimage. C’est Umedia qui nous a amené Trois jours et une vie, le nouveau long métrage de Nicolas Boukrief adapté d’un roman exquis de Pierre Lemaître (auteur également de Au-revoir là-haut). À scénario magnifique, casting épatant, emmené par Pablo Pauby (Patients). Le tournage se déroulera entièrement dans la région de Viroinval (35 jours) avec plus 30 régionaux dont 11 chefs de postes sur le pont. Plus de 60% de la post-production et des moyens techniques du film seront wallons grâce à TSF.be, Wallitec, Macadam Car, Dame Blanche Genval ou le Studio l’équipe Wallonie.
On reste dans les écrivains français à succès pour Complètement cramé. Ici, c’est le best-seller de Gilles Legardinier qui va être transposé au cinéma, sous la tutelle de Yann Samuell (que Wallimage retrouve 15 ans après Jeux d’enfants). Cette comédie humaniste, douce et amère parfois, délicate toujours, réunira William Hurt, Émilie Dequenne, Marthe Keller et Fred Testot. 22 Wallon(nes) dont 8 chefs de postes accompagneront le projet coproduit ici par Frakas qui en profite pour renforcer de solides liens avec deux nouveaux partenaires : les Luxembourgeois de Bidibul et les Français de Superprod. Le matériel caméra, électro, et la machinerie seront loués chez Eyelite, les VFX seront l’œuvre de Benuts et le bruitage se fera chez Dame Blanche Genval.
Tout aussi passionnant sur le papier, Notre dame du Nil, proposé par Belga, raconte de façon métaphorique la montée de la haine raciale au Rwanda à travers la vie d’un pensionnat pour jeunes filles. Puissant et émouvant, ce long métrage signé par Atiq Rahimi (Prix Goncourt 2008) est adapté du roman de Scholastique Mukasonga (Prix Renaudot 2012), qui est devenu un grand succès en librairie. À 11 techniciens wallons dont 7 chefs de poste, s’ajouteront le matériel technique de prise de vue fourni par Eye Lite Liège et la machinerie proposée par TSF. Genval-Les-Dames s’occupera de la post production son et des travaux de labo, Benuts des VFX.
VIVE LE GENRE
Ça devient une tradition et personne ne songe à s’en plaindre : trois nouveaux films de genres rejoignent notre line-up lors de cette session. Le message passe à l’international et Wallimage qui sera à nouveau présent au marché Frontières de Montréal est d’ores et déjà très sollicité par les porteurs de projets frissonnants qui, pour s’attirer nos faveurs, devront nouer des partenariats avec des producteurs belges. Bingo !
Le premier est français et s’appuiera sur un des scénarios les plus originaux, surprenants et émouvants qu’on puisse imaginer… Pas question ici de le divulgâcher (comme disent les Québecquois), vous en profiterez mieux dès qu’il sera sur nos écrans. C’est Wrong Men qui nous amène La dernière vie de Simon, très prometteur premier film de Léo Karmann. Le tournage breton impliquera 10 régionaux, dont 5 chefs de postes. Une grande partie des délicats effets spéciaux sera réalisée chez Mikros et la musique sera enregistrée en Wallonie.
Freaks Out qui nous vient d’Italie s’annonce très spectaculaire. Première coproduction de Gapbusters cofinancée par Wallimage, ce film fantastique est signé par Gabriele Mainetti la star montante du cinéma transalpin. Le réalisateur qui a transformé son tout petit premier film autofinancé en blockbuster est actuellement l’objet de toutes les convoitises et son nouveau projet raconte l’histoire d’un petit cirque dirigé par un personnage trouble. Nous sommes à l’aube des années 40 et pour assurer la réputation de son entreprise voyeuriste, ce fanatique d’Adolph Hitler recrute quelques personnages monstrueux… qui pourraient au final se révéler plus humains que les gens qui les emploient. Grande satisfaction : les VFX seront réalisés en Wallonie pour un minimum d’un demi-million d’Euros. Le mixage son se fera chez Mute and solo et le montage son chez Genval comme le doublage et le bruitage.
Initié au Luxembourg, Skin Walker est coproduit en Belgique par la société flamande Caviar qui a décidé de faire l’essentiel des dépenses liées au tournage et la postproduction… en Wallonie. Des trois projets de genre, celui-ci est clairement celui a le plus de chance de secouer le public du BIFFF avide de frissons. 39 Wallons dont 6 chefs de postes seront à pied d’œuvre tandis que le matériel d’éclairage et prise de vue sera loué chez EyeLite, la machinerie chez KGS, les loges chez LCF, le montage son s’opérera chez the Post Box, le bruitage (Genval) et les VFX chez Benuts.
AU BONHEUR DES DAMES
À ce très beau line-up s’ajoutent deux longs métrages très attachants initiés en Belgique… réalisés ET produits par des dames !
Produit par Iota qui vient de briller au Festival de Cannes avec Nos batailles de Guillaume Senez, Les Chatelains sera le premier long métrage de Véronique Cratzborn. Le drame se tournera en septembre et octobre 2018 en partie en Wallonie avec 32 régionaux dont 11 chefs de poste et en région Hauts de France. Le montage son, le bruitage et la post-synchro seront confiés à Dame Blanche Genval, comme le laboratoire image. Pour l’étalonnage et les masters à livrer, c’est Charbon Studio qui sera sur la brèche.
Enfin, Wallimage est très heureux de retrouver Marion Hänsel dans son line-up avec un projet éminemment personnel dans la lignée du superbe Nuages. Il était un petit Navire, essai poétique tourné dans les villes d’eau où la réalisatrice a grandi et vécu, est à la fois une œuvre introspective et un film somme. Petit budget oblige, les dépenses wallonnes sont naturellement peu importantes… comme la demande. Mais la directrice de production (Monique Marnette pour Man’s film) et l’ingénieur du son sont wallons tandis que tous les travaux de postproduction se feront chez Dame Blanche Genval.
WALLIMAGE CREATIVE SE FAUFILE DANS LES PARS D’ATTRACTION
Les parcs à thèmes de taille moyenne sont devenus les stars du tourisme d’un jour. Ces parcs sont familiaux, s’adressant aux petits comme aux pré-ados et les attractions mélangent les technologies de pointe multidimensionnelles et des expériences plus familiales. On y trouve aussi bien des rollers coasters thématisés que des attractions multimédias (rides dynamiques, dark rides, VR,…).
Cela n’a pas échappé au Groupe Media Participations qui vient tout juste d’ouvrir Le « Parc Spirou Provence » .
Là-bas, deux attractions numériques exclusives vont être prochainement installées
On pourra enfiler le pull vert de Gaston Lagaffe et découvrir la rédaction du Journal de Spirou à l’occasion d’une course folle à travers celle-ci dans le cadre d’un ride 4D dynamique. On aura également l’occasion de visiter le parc Zombillenium dans une attraction très différente de type dark ride.
Conscient du potentiel que présentent ces divers projets, Dreamwall a décidé de développer un savoir-faire dans la production d’attractions numériques. Et de l’exploiter.
Ainsi, les deux films dont il est question ci-dessus seront produits par Belvision et réalisés chez Dreamwall. Ce n’est a priori qu’une première étape et Dreamwall envisage à terme de se positionner comme fournisseur de référence dans le domaine de la réalisation d’attractions numériques.
Wallimage Creative a donc décidé de cofinancer ces deux attractions, devenant comme un partenaire privilégié pour Dreamwall sur ce marché prometteur qui pourrait s’avérer rapidement lucratif, y compris pour le fonds wallon… et donc pour la région tout entière.