97e session. C'est Noël : Huit projets, huit univers, huit belles promesses !

  • 19.12.2019

Pour la dernière session de l’année 2019, le CA de Wallimage a décidé de cofinancer huit projets très différents les uns des autres, dans leur forme, leur origine, leur type d’exploitation potentiel aussi. C’est en tout un peu plus de 1.3 million d’euros qui ont ainsi été investis pour booster l’économie de l’audiovisuel wallon. Parmi ces huit projets, seuls deux sont des longs métrages de fiction live. Les temps changent et Wallimage s’attache aux nouveaux marchés de l’audiovisuel et à ses nouvelles formes de création.

 

Initié en France, mais entièrement filmé chez nous, A l’ombre des filles racontera l’histoire d’un chanteur d’opéra qui, désireux de faire un break dans sa carrière, en profite pour donner des cours de chant à des prisonnières. Le sujet est original et traité de façon sensible et réaliste avec de jolies zones d’ombre et beaucoup de tension. Alex Lutz y sera confronté à une série de femmes de caractère : Veerle Baetens, Agnès Jaoui et Hafsia Hersi en tête. Grâce à Versus, la production déléguée française a trouvé en Wallonie deux prisons modèles disposées à accueillir le tournage : celles de Marche et de Leuze. 42 Wallons dont 10 chefs de poste participeront à ce tournage 100% régional. Le matériel sera loué chez TSF, la cantine sera prise en charge par Location-services. Côté postproduction, le montage des directs aura lieu chez BARDAF au PIL. Mikros s’occupera du laboratoire et des deliveries tandis que Babel Subtitling réalisera les sous-titres. C’est le célèbre scénariste et producteur Étienne Comar (Des hommes et des dieux, les femmes du 6e étage, Timbuktu, Mon Roi…) qui est aux commandes de ce projet, son deuxième long métrage en tant que réalisateur après Django (500.000 entrées en France).

 

Dans un genre très différent, Hinterland, signé par le vétéran autrichien Stefan Ruzowitzky, nous plongera dans l’Autriche de 1922, chamboulée par la guerre et les changements politiques qui en découlent. Tout juste libéré des camps russes, Peter Berg est réaffecté à son poste d’enquêteur pour traquer un serial killer particulièrement retord. En progressant dans son investigation glauque, c’est un passé récent et cruel qu’il va voir ressurgir. La singularité du projet est que l’intégralité du tournage avec les acteurs se déroule devant un fond vert. L’arrière-plan est ensuite fabriqué à partir d’images d’archives retravaillées digitalement pour un rendu hyper expressionniste. Pour mener à bien cette tâche colossale, les producteurs autrichiens ont choisi de travailler avec Benuts désormais bien identifié sur la scène internationale. Sur le schéma d’Atlantic Crossing, c’est Scope qui coproduira en Belgique ce dossier pour un montant dépassant le million d’Euro qui représente environ 1400 jours de travail cumulés.  L’équipe technique de Benuts inclura 3 chefs de postes (superviseur VFX et superviseur matte painting) et pas moins de 19 techniciens pour retravailler plus de 400 plans.

Il est aussi beaucoup question d’originalité et d’industrie de postproduction wallonne dans le dossier Heart of Darkness, proposé par Artemis. Ce long métrage d’animation, réalisé par Gerald Conn sera entièrement animé… en sable. L’expérience est très novatrice et les premières images qui explicitent le processus sont tout à fait étonnantes. Cette adaptation du roman Au Cœur des Ténèbres de Joseph Conrad (qui a largement inspiré Francis Ford Coppola pour Apocalypse Now) rejoindra la Wallonie pour le coloring, le compositing et le nettoyage d’images qui s’effectueront conjointement au PIL chez Mikros et Wahoo. Autres sujets d’enthousiasme : Dub Fiction sera en charge du doublage français et la musique de ce film hors norme a été confiée à Baloji, immense artiste liégeois qu’on a connu naguère aux commandes de Starflam et qui mène aujourd’hui une formidable carrière solo. En tout, ce sont 1.153.204 euros qui seront dépensés en Wallonie pour ce projet qu’on retrouvera probablement dans les grands festivals et en course pour décrocher de prestigieuses récompenses internationales en 2022.

Toujours au rayon de l’animation, mais dans un format plus traditionnel, Belvision nous a proposé la saison 2 des aventures télévisées de Petit Poilu, un personnage attachant bien connu des tout petits, plongé bien malgré lui, dans des univers fantasmagoriques et extraordinaires où tout est possible. 39 épisodes de 7 minutes vont être mis en production dès février 2020, en partie chez Dreamwall où plus de 670.000 euros vont être dépensés pour l’animation de 21 épisodes. Cet investissement générera 2069 jours hommes de travail, soit 9,4 ETP (équivalent temps plein) sur un an. Autre bonne nouvelle : des artistes wallons sont également impliqués au niveau de l’écriture et de la réalisation du projet.

 

Après La Trêve, Ennemi Public, Champion ou Unseen que nous avons cofinancés, Baraki sera la première série authentiquement wallonne mise en chantier grâce au fonds des séries de la Fédération Wallonie Bruxelles et de la RTBF.  Elle se déclinera en 20 épisodes de 26 minutes sur le mode de la comédie plutôt déjantée. Spécificité belge, le Baraki est en quelque sorte un personnage socialement déclassé, mais pas du tout gêné pour autant : sa voiture est tunée, ses jantes blinquantes, sa casquette est généralement posée sur le haut du crâne et son uniforme de prédilection est le survêt de sport, blanc de préférence. Mais sous cet uniforme bat un cœur, gros comme ça. Du moins dans cette série initiée par le collectif d’Embourg, Koko agite la culture, et coproduite par 1080 (Lukas, Animals…), société qui réunit Benoit Roland et Nabil Ben Yadir. 43 techniciens wallons, dont 19 chefs de poste, travailleront durant 78 jours dans la région de Verviers sous la tutelle du réalisateur Fred de Loof qui réalisera quelques épisodes et supervisera toute la série reposant sur des scénarios de Sylvain Dal, Peter Ninane et Julien Vargas.

 

On reste dans le domaine des séries, mais Les Aventures du Jeune Voltaire, coproduit en Belgique par Umedia, est d’origine française et comprendra quatre épisodes de 52 minutes. Un format classique pour les très populaires séries historiques de France 3. On y découvrira un Voltaire méconnu, rebelle impétueux, imbu de sa poésie et sûr de son talent. Dans un monde instable, il multiplie les facéties et les coups d’éclat, irritant souvent le pouvoir très embarrassé par sa fougue. 25 jours de tournages sur 45 seront localisés en Wallonie, dans des châteaux comme Beloeil ou Modave. Sans oublier l’abbaye de Maredsous. Entre autres. Une équipe de 19 régionaux dont 2 chefs de poste participeront à cette aventure tandis que la production consacrera chez nous plus d’un million d’euros aux locations techniques, à la cantine et à la postproduction.

Série toujours, quatre épisodes aussi, mais budgets et ambitions très différents pour Les Rangers des Glaces, nouveau documentaire produit par Agent Double. Xavier Ziomek, réalisateur de la saison 2, de la série H.A.N. se rendra dès janvier dans la station belge Elisabeth située au cœur de l’Antarctique pour filmer la vie de tous les hommes de l’ombre, cuisiniers, médecins, charpentiers, mécaniciens, électriciens, qui permettent aux scientifiques de travailler dans les meilleures conditions possibles. Le sujet est original, dépaysant et a immédiatement suscité l’intérêt de la RTBF. Première diffusion prévue, en prime time, pendant l’hiver 2020.

Le tout dernier dossier retenu est assez atypique dans cette ligne d’investissement, mais le C.A. de Wallimage a jugé que sa présence y avait tout son sens. Meet Mortaza est un projet qui mêle un film en réalité virtuelle (VR) et une installation en réalité augmentée (AR). Coproduit chez nous par Dancing Dog, il sera entre autres diffusé sur le site de TV5, mais surtout dans des musées. Beaucoup ont d’ailleurs déjà marqué un intérêt. Leurs visiteurs qui tenteront l’expérience seront immergés au cœur du trajet d’un migrant d’Afghanistan jusqu’en France puis vivront avec lui le cheminement kafkaïen qui consiste à obtenir les bons papiers pour pouvoir rester sur le territoire. CoSounders (installé au Pôle image de Liège) s’occupera de la spatialisation du son et de la postproduction sonore tandis que Pierre-Henri Wibaut, virtualisateur 3D tournaisien, prendra en charge la réalisation effective de l’augmentation de l’exposition. Un projet excitant qui clôt en beauté une formidable année 2019.