La théorie du genre

  • 16.07.2019

La Belgique a toujours été une terre d’accueil pour le fantastique. De Jean Ray à René Magritte, en passant par André Delvaux, plusieurs de nos grands artistes ont donné au genre quelques-unes de ses plus belles lettres de noblesse. Rayon cinéma, les tentatives ont été moins nombreuses et parfois moins marquantes, mais, ironie de l’histoire, le plus grand festival européen de films de genre est bien belge. Depuis 1982, le BIFFF fait chaque année le bonheur de milliers de festivaliers en proposant à un public déchaîné la crème de ce qui a été tourné dans le monde durant les derniers mois.

 

Il y a quelques années, pourtant, un jeune producteur wallon dynamique (qui se reconnaîtra), grand amateur de films de genre (c’est un indice), nous fit part de son regret de ne pas pouvoir produire ou coproduire en Belgique des œuvres en marge, s’apparentant à l’horreur, à la science-fiction ou au fantastique. La remarque nous parut étrange : si cette impression était ancrée chez nombre de professionnels à cause d’un contexte belge francophone global tourné vers le film d’auteur, elle ne reposait en fait sur aucune réalité objective.
Techniquement, rien ne s’opposait à ce que les producteurs investissent ce secteur. Au contraire !

 

Pour le Tax shelter peu importe la nature d’un film tant que les dépenses sont territorialisées. Pour Wallimage, cofinancer des œuvres en marge, friandes d’effets spéciaux, ressemblait plutôt à une opportunité en or. Par le passé, d’ailleurs, le fonds wallon avait déjà soutenu des films comme Où est la main de l’homme sans tête?, Trouble ou Dédales qui s’aventuraient dans des domaines obscurs.

Cette prise de conscience, rapidement doublée par l’émergence du marché international Frontières que Wallimage s’empressa de parrainer, déclencha une spectaculaire réaction en chaîne. En quelques années, plusieurs dizaines de films de genre furent proposés à Wallimage avec, il faut l’avouer, un taux de réussite étonnant. De toute évidence, la structure financière propre au développement de ces œuvres en marge colle parfaitement à notre modèle de fonctionnement.

 

RÉACTIONS EN CHAÎNE

 

Un des films les plus emblématiques de cette réussite est certainement Mandy. Tourné en Belgique avec Nicolas Cage, il a l’odeur d’un film américain (ou canadien), le ton, l’ambiance… mais regardez son générique : le nombre d’intervenants belges va vous sidérer. La femme la plus assassinée du monde est un autre exemple frappant : réalisé pour Netflix avec une équipe artistique française, il a été tourné et postproduit en Wallonie. Depuis, son réalisateur ne tarit pas d’éloges sur le professionnalisme et l’efficacité wallonne. Mais le film le plus décisif d’entre tous est probablement Grave (Raw pour le marché international), film d’auteur autant que film de genre, révélé au marché frontières, cofinancé en Wallonie par Jean-Yves Roubin pour Frakas, avec des effets spéciaux réalisés par Mikros-Liège et un tournage liégeois. Gros carton critique, chouchou des festivals, Grave a imposé un style et le nom de Wallimage dans la tête des producteurs internationaux, avides de frissons.

 

Mandy + Netflix + Grave : l’équation est imparable. Wallimage est désormais identifié comme un partenaire enthousiaste en matière de films de genre. N’assista-t-on pas, ébahis, au dernier Festival de Cannes à une sortie étonnante de Todd Brown, directeur des acquisitions internationales chez XYZ, un des acteurs majeurs du film de genre, qui proclama que pour réussir un film de ce style en Europe, les deux pays qui s’imposaient étaient l’Irlande et… la Wallonie ?
Ce qui nous combla de joie, devons-nous le préciser ?

 

Pour célébrer cette reconnaissance hors norme qui fait de Wallimage LE fonds européen spécialisé dans les films de genre, nous avons réuni sur un site internet tous les longs métrages de genre cofinancés en Wallonie depuis la création du fonds. Il y en a déjà plus de trente. Et ce n’est pas fini, bien sûr !

Pour l’explorer, cliquez ici : www.fantasticwallonia.be