Alors qu’on constatait depuis quelques mois une certaine érosion du nombre de projets initiés en Belgique, érosion due essentiellement aux nouvelles règles du Tax-Shelter, cette session a été marquée par un retour en force de dossiers autrefois labellisés « majoritaires ». Ceux-ci ont bien tiré leur épingle du jeu et QUATRE d’entre eux viennent d’être retenus par le CA de Wallimage. Un record !
First but not least, Troisièmes noces est le… troisième long métrage de David Lambert. Il présente un casting alléchant où on retrouvera Bouli Lanners, Virgnie Hocq, Jean-Luc Couchard ou Jean-Benoit Ugeux, le réalisateur bruxellois a écrit une comédie sociale, adaptation d’un roman éponyme de Tom Lanoye. Un quinqua fraîchement veuf et par ailleurs homo y croise une jeune congolaise qui brigue un mariage blanc pour pouvoir vivre en Belgique. Mais l’histoire est en fait, un rien plus compliquée que prévu. C’est toujours Frakas qui est à la manœuvre côté belge dans une tripartite qui réunit également le Canada et le Luxembourg. Ici, les dépenses wallonnes sont concentrées chez Mikros et Dame Blanche, dans le casting et parmi les techniciens. Début du tournage en mars.
Le deuxième long métrage retenu est un film 100% belge au budget astronomique de plus de 15 millions d’Euros. Impossible ? Pas pour Ben Stassen, le pape de l’animation… européenne. L’homme n’est pas seulement un réalisateur exigeant et visionnaire, capable de créer des films qui concurrencent sans honte Pixar et Dreamworks, c’est aussi un producteur inspiré qui possède des contacts sur tous les continents. The son of Big Foot est le nouveau film de ses studios nWave. Jusqu’ici trois de ses films ont fait plus de 10 millions d’entrées sur l’ensemble de la planète : L’extraordinaire voyage de Samy, Wild Safari 3D et Encounter in the Third Dimension. Ses autres oeuvres d’animation ont tous franchi la barre des cinq millions d’entrées ou sont en passe de le faire. Même si le studio est basé à Forest, de nombreux artistes wallons y travaillent. Comme les deux réalisateurs : Ben Stassen, lui-même, et Jérémie Degruson.
En général, Wallimage est assez heureux de recevoir un projet de séries télé par session. Ici, le CA en a retenu… quatre ! La première est une œuvre initiée et produite en Belgique par une société prometteuse, Narrativ Nation. Avec 25 épisodes de 7 minutes au programme, Quasi Lucas est déjà un événement belge puisqu’il s’agira de la première série « live » belge francophone à destination de la jeunesse depuis une quarantaine d’années. Elle raconte les aventures d’un ado de 12 ans, qui débarque dans sa nouvelle famille recomposée. D’une situation d’enfant unique le voici entouré de deux demi-sœurs et d’un demi-frère : de quoi envisager l’existence sous un tout angle très différent. Les dépenses wallonnes reposent essentiellement sur du personnel de tournage et de la location, mais le potentiel de ventes internationales de ce format original est assez alléchant.
La dernière œuvre initiée en Belgique qui sera cofinancée par Wallimage est également destinée à la télévision. Et elle est déjà très attendue. La saison 2 de La Trêve se tournera au printemps pour une diffusion sur la RTBF en février prochain. Après le triomphe de la saison 1, Helicotronc a réuni un budget plus conséquent pour dix épisodes qui devraient tenir en haleine la Belgique francophone, … mais pas seulement. Ainsi la série sera normalement aussi programmée sur France 2, via Netflix et dans tous les pays et région qui ont accueilli la première saison à bras ouverts. Voire plus. L’histoire se déroulera plusieurs années après l’épilogue tragique de la saison initiale dont on retrouvera quelques personnages-clés pour une enquête compliquée qui nous emmènera dans un autre petit village ardennais où il se passe des choses, disons étranges.
Coproduite par la France et la Belgique (qui remplace le Canada dans le plan de financement), la troisième saison de Versailles sera supervisée chez nous par Entre chien et loup. On y découvre Louis XIV qui ne rêve plus que d’étendre son empire et imposer son pouvoir à l’Europe tout entière. Mais ses délires ont un coût : le peuple est las de payer et la révolte gronde… La filière son de Versailles sera wallonne comme les effets spéciaux qui devraient être effectués (c’est une formidable première à ce niveau) par Dreamwall.
Le studio carolo aura d’ailleurs l’occasion de faire ses armes en ce domaine dans une autre série, mais d’un calibre tout différent puisque The Cell est découpé en dix épisodes de… dix minutes pour France télévision et le web. Elle raconte les (més)aventures spectaculaires d’un petit comptable sans histoire incarcéré par erreur dans une cellule qui traverse le temps et l’espace. Elle est coproduite chez nous par Belvision et réalisée par Guillaume Lubrano, un impressionnant homme-orchestre déjà responsable de Metal Hurlant Chronicles. Les épisodes sont essentiellement filmés en studio à Keywall et pour quelques extérieurs dans la région carolo.
Le dernier projet retenu à l’occasion de cette 83e session est un long métrage international coproduit en Belgique par Scope Pictures qui initie là une collaboration avec la Scandinavie. Film norvégien qui se déroule durant la seconde guerre, The Spy suit une célèbre actrice qui, de fil en aiguille, est amenée à devenir un agent double. Le casting rutilant est composé d’Ingrid Bolsø Berdal (Cold prey, Westworld), Adrien Brody (le pianiste), ou encore Stellan Skarsgaard (Nymphomaniac, Avengers…). Douze jours de tournage seront localisés en Wallonie (alors que rien ne se passe chez nous) et de nombreux postes de la filière de postproduction seront pris en charge par des entreprises régionales. Un dossier parfait, une proposition qu’on ne pouvait pas refuser.