Initié en septembre 2019, ALICE œuvre pour une coopération renforcée du secteur sur le plan européen soutenant l’essor d’une animation européenne compétitive et créatrice d’emplois.
Au cours des trois prochaines années, les partenaires du projet réuniront régulièrement les entreprises et industriels de leurs territoires respectifs : la Wallonie en Belgique, la Catalogne en Espagne, la région Hauts-de-France, les Pouilles en Italie, la région de Rzeszow en Pologne, et la République Slovaque. Ces rencontres contribueront à définir des actions favorisant les collaborations interrégionales et le développement conjugué des industries de l’animation locales.
Cette première session wallonne réunissait autour de Wallimage les producteurs Belvision et Umedia, les studios Digital Graphics, Dreamwall, Waooh ! et Zest Animation, les sociétés de post-production Dame Blanche et Mikros Image, les bureaux de tournage Wallimage Tournage, Le Pôle Image de Liège (représentant les prestataires de services audiovisuels), et un observateur du Centre du Cinéma de la Fédération Wallonie-Bruxelles. En dressant un premier diagnostic du marché de l’animation locale, les participants ont commencé à explorer des voies d’amélioration possibles autour de différents enjeux clés. La formation facilitant l’accès à l’emploi, et l’attractivité du secteur pour fidéliser la main d’œuvre ont occupé une place centrale dans les discussions.
Dans un secteur compétitif et en constante évolution, l’employabilité des jeunes a été identifiée comme une problématique majeure, à laquelle l’enseignement généraliste de l’école ne peut répondre seul. Les acteurs du secteur de l’animation wallonne s’accordent sur la priorité à donner au développement de formations adaptées aux réalités de l’industrie. Conçus spécialement pour faciliter l’accès au marché de l’emploi, avec le soutien des pouvoirs publics, ces programmes seraient idéalement assortis d’un l’allongement de la durée des stages étudiants, et de la création de bourses de formations.
L’attractivité de l’animation wallonne est l’autre défi majeur sur lequel se sont attardées les discussions. La région doit pouvoir retenir sa main d’œuvre qualifiée en offrant des conditions d’emploi à la hauteur de la qualité de ses talents. L’instauration de programmes d’excellence est l’une des pistes évoquées en session : des formations sélectives ou échanges de spécialistes reconnus entre studios européens stimuleraient les carrières individuelles et le niveau général de qualification, bénéficiant à l’ensemble de la profession.
Au cœur de la problématique de stabilisation des talents, la question de la qualité des projets disponibles a nourri les échanges. Les professionnels ont insisté sur l’importance pour la Wallonie de pouvoir initier localement des projets ambitieux, ainsi que des coproductions majoritaires. Pour une région forte de savoir-faire et jouissant d’une belle réputation en matière d’animation, l’une des voies possibles serait d’encourager la spécialisation dans ses domaines d’expertise que sont l’animation, le story boarding, la modélisation, le rigging, le texturing, le cleaning, le lay-out, et l’écriture de scénario. Pour se donner les moyens de ses nouvelles ambitions, la région devra créer un fonds de développement wallon et une association des professionnels de l’animation.
Dans un esprit de collaboration, d’échanges et d’harmonisation des pratiques, les partenaires wallons s’inspireront de ce qui existe chez leurs voisins, dans une perspective plus large de co-développement pan-européen. De manière très concrète s’agissant de qualification et de formation continue, une liste de travaux à réaliser dans les prochains mois a été établie en session. Les participants proposent d’utiliser la nomenclature existante en France, basée sur la « Convention collective de la production de films d’animation » pour identifier et quantifier les postes en pénurie dans les métiers de l’animation, et prévoient également de dresser la liste des formations déjà reconnues et enregistrées au Registre National de la Certification Professionnelle. Ils souhaitent plus particulièrement travailler à la co-création d’une nomenclature spécifique à l’animation et aux effets spéciaux avec la Région des Pouilles, aussi partenaire d’ALICE. Un plan de collaboration en la matière a déjà été initié, et le prochain groupe de travail « Formation » organisé dans les Pouilles au premier semestre 2020 sera l’occasion d’avancer sur ce thème. L’idée est que chacun des partenaires d’ALICE puisse réfléchir à l’établissement d’une grille, avec pour ambition d’aboutir à une nomenclature européenne, bénéficiant d’une certification européenne dans le cadre des certifications pour l’éducation et la formation tout au long de la vie (CEC).
Cette première rencontre fructueuse ouvre la voie aux réunions locales que les cinq autres partenaires d’ALICE tiendront en janvier. Il sera intéressant de voir comment ces premiers résultats guideront les échanges ultérieurs, et comment les perspectives régionales feront écho les unes aux autres. Quoiqu’il en soit, cette réunion wallonne marque le début d’un changement de paradigme, dans lequel les discussions « animées » font place à l’action commune. Elle est, en cela, une première victoire pour ALICE, dont on attend avec ardeur les prochains rendez-vous.