94e session : casting de superstars pour session fleuve

  • 09.04.2019

Chez Wallimage, la session de printemps est traditionnellement celle où l’on voit débarquer les films ou séries qui seront tournés durant l’été. Sans surprise, c’est donc la session la mieux achalandée de l’année, celle où les choix sont les plus compliqués. Cette année, ce sont vingt dossiers qui ont été proposés au groupe technique chargé de les analyser puis de les présenter au conseil d’administration. Première conséquence : vu l’abondance et la qualité des projets soumis, le CA a décidé de pousser le curseur des investissements potentiels à son maximum. C’est donc plus d’1.5 million d’euros qui a été affecté aux neuf œuvres sélectionnées qui se répartissent assez harmonieusement entre animation (2 dossiers), séries (2), documentaires (2) et longs métrages de fiction (3). Notons aussi que trois projets retenus sont d’initiative belge.

 

Une session de Wallimage serait désormais étrange sans « son » film de genre. Kandisha que nous amène Scope Pictures est pourtant très particulier puisqu’il mêle allègrement fantastique, horreur… et codes du film de banlieue. Le miracle est que la sauce prend à tous les niveaux grâce à un scénario épatant signé par Alexandre Bustillo et Julien Maury, un duo déjà responsable d’A l’intérieur, Livide ou Leatherface. 7 jours de tournage seront localisés en Wallonie avec une vingtaine de Wallons impliqués. La location du matériel caméra, éclairage et machinerie sera assurée par TSF, le catering par Iris Soldani, la location du matériel son par ALVM et la gestion des rushes se fera au Studio l’Équipe Wallonie. Pix and Real interviendra sur les SFX tandis que la musique, le montage et le mix son seront aussi wallons.
 

On retrouve Scope Pictures en partenariat avec Wrong men sur un film qui nous fait saliver par avance. Nouveau film du surdoué Leos Carax (Mauvais Sang, Les Amants du Pont Neuf, Holy Motors), Annette réunira Adam Driver et Marion Cotillard, dans une comédie musicale écrite par les Sparks, duo mythique qui enchante depuis 45 ans la scène electro pop mondiale.  Quelle proposition de cinéma ! Six jours de tournage seront liégeois avec une équipe majoritairement belge. 25 Wallons dont 11 chefs de poste feront partie de l’aventure. L’essentiel de la post-production se déroulera en Wallonie et les VFX seront intégralement (!) pris en charge par Mikros-Technicolor Liège pour une somme dépassant les 600 mille euros. Mikros s’occupera aussi du mastering. Outre la location de matériel chez Eye-Lite et TSF, on notera que le bruitage sera wallon tandis que le mixage et le montage son se feront chez Bardaf à Liège. Bardaf ? C’est le nom de la société sœur de Boxon, car oui, la bande à Thomas Gauder va désormais déployer ses talents en Wallonie en prenant la tête du studio de mixage du Pôle Image, une nouvelle sur laquelle nous reviendrons bientôt.

 

Malgré huit longs métrages à son compteur, le réalisateur danois Henrik Ruben Genz reste trop peu connu chez nous. La vision des bandes-annonces de ses films fait pourtant saliver. La Guerre d’Erna, son nouveau projet nous plonge en pleine première guerre mondiale dans une Europe dévastée. Une mère danoise (incarnée par Tryne Dyrholm, déjà héroïne de Nico 1988) y rejoint clandestinement son fils handicapé, embrigadé de force dans l’armée allemande et se retrouve elle aussi envoyée au front. Le dossier proposé par Entre chien et Loup nous offre un panel de dépenses très homogène dans une véritable optique de collaboration plus que de coproduction purement financière avec 17 jours de tournage sur 40 en Wallonie dont un passage en studio chez Keywall et 36 Wallons dont 19 chefs de poste à l’ouvrage. Le mix et le montage son, étalonnage et labo se feront chez Dame Blanche et les VFX chez l’Autre Compagnie (140K). La location se partagera entre Eyelite, KGS, Macadam Car et Karaboutcha ; Iris Soldani s’occupant de nourrir les troupes.

 

Les deux séries choisies lors de cette session sont aussi éloignées l’une de l’autre qu’il est possible. La Patrouille est la nouvelle cartouche du fonds série RTBF/Fédération Wallonie Bruxelles. Produite par Panache, elle conte l’histoire d’une patrouille de scouts qui met la main sur des diamants qui viennent d’être dérobés à un receleur. Suspense garanti pour six épisodes de 50 minutes qui seront diffusés sur la RTBF en 2020. Indris Siera réalisera la série et amène dans l’équipe son chef op et l’acteur phare de sa série Professor T (3 séries en Flandres), l’excellent Koen De Bouw. Au programme :  38 jours (sur 48) en Wallonie avec 33 locaux dont 10 chefs de poste. Location chez Eye-Lite et Ad hoc sound services, la cantine chez A toutes faims utiles, petits VFX chez L’autre compagnie, et le son au Studio l’équipe Wallonie.

Comparé à cette configuration belge (environ 2 millions pour six épisodes), Fertile Crescent fait figure de super production avec ses 12 millions pour 8 épisodes. Série d’espionnage international racontant la quête d’un Français à la recherche dans sa sœur potentiellement devenue une combattante kurde et nous offrant une plongée au cœur de l’État islamique que viennent de rallier trois Britanniques, ce Croissant fertile sera tourné durant 17 jours en Belgique dont 5 en Wallonie. Versus prend en charge la coordination des tournages (en Belgique, mais aussi au Maroc), et de la postproduction qui aura lieu intégralement en Wallonie, au PIL, chez Bardaf Liège et chez Cob Studios pour le bruitage. 7 Wallons intègrent l’équipe technique principale de la série dans sa globalité ; 7 autres pour l’ensemble du travail de post-production ; le tournage en Belgique impliquera quant à lui 15  techniciens wallons supplémentaires.

 

On le sait, l’animation est un des secteurs les plus structurants pour l’économie wallonne. Deux séries qui devraient plaire à la fois aux enfants et aux plus grands ont été retenues.

Belvision nous a proposé une adaptation du Petit Nicolas de Goscinny et Sempé en 52 épisodes de 12 minutes. Dreamwall animera 35 épisodes, s’occupera du texturing, effectuera les storyboards de cinq épisodes, neuf scénarios seront wallons et le sous-titrage pour malentendants sera réalisé chez Dame Blanche. Le travail générera du travail pour 23 équivalents temps plein sur un an.

 

Présenté par Taka et Panique, Chien Pourri comptera également 52 épisodes de 12 minutes. Il s’agit de l’adaptation drolatique d’une série de huit livres au dessin très libre qui, en Belgique, requerra l’attention et le savoir-faire de Mikros-Technicolor Liège. 11 personnes y travailleront pendant 280 jours pour s’occuper de la colorisation, du texturing, du compositing et du rendu. Vincent Patar et Valérie Magis ont écrit les scénarios de plusieurs épisodes tandis que Dame Blanche Genval se chargera de l’intégralité du mastering et de la livraison des fichiers PAD. Ce dossier est l’occasion de voir Taka, désormais emmenée par Hugo Deghilage s’installer à Mons où le jeune Pâturageois a bien l’intention de développer une activité audiovisuelle globale unissant toutes les forces vives de la région (et il y a du talent ici, croyez-nous!). Une très bonne nouvelle pour le Hainaut !

 

À côté de ces grosses interventions, Wallimage a choisi de supporter deux documentaires qui forcément, ont besoin de sommes beaucoup plus modestes. Hypercitoyen est un projet du Montois Pascal Rocteur qui se penche sur la personnalité haute en couleur de Stephen Vincke, défenseur du patrimoine local jusqu’à l’absurde, figure anarchiste qui conteste l’ordre de la société et préfère la gloire de l’imaginaire à la trivialité de la réalité. Le film, sans doute polémique, a l’intention de mélanger les formes narratives, les genres et les supports. Produit par Domino, il est entièrement tourné, et postproduit par une petite (mais vaillante) équipe wallonne.

Enfin, Prod à la demande se propose de nous plonger dans le quotidien du service jeunesse et famille de Molenbeek qui doit régler jour après jour, en douceur, mais avec fermeté et efficacité un panel de problèmes assez impressionnant. Ce documentaire s’articulera en trois volets de 52 minutes et sera présenté sur la RTBF sous le label Brigade des mineurs Molenbeek. 14 techniciens engagés sur cette production sont wallons, tandis que l’étalonnage sera effectué, comme le mixage son, chez Dame Blanche Genval.