WALLIMAGE S’INVITE QUATRE FOIS AU BIFFF

  • 26.08.2022

Mandy, Grave, Vivarium, Cub, The Hole in the Ground, The Cellar, the Room… Depuis quelques années, Wallimage Coproductions a cofinancé de très nombreux films de genre.

L’intérêt de ces projets pour l’économie wallonne est évident : ils exigent beaucoup de postproduction et des effets spéciaux excitants à réaliser pour nos sociétés spécialisées. Par ailleurs, les tournages sont généralement flexibles et ils s’adaptent très bien aux décors offerts par notre région. Cerise sur le gâteau, alors que l’exploitation mondiale fonctionne toujours au ralenti, les thrillers, films d’horreur et autres polars bien noirs continuent à vivre leur vie, boostés par l’enthousiasme d’inaliénables aficionados, des festivals avec une sérieuse assise populaire et l’apparition de plates-formes de vidéo spécialisées.

Quelques producteurs belges ont profité de notre passion et de l’efficacité du Tax Shelter pour perfectionner des pipelines diaboliques : les projets conjointement financés par l’Irlande et la Belgique se sont ainsi multipliés à la grande joie de vendeurs internationaux aguerris qui ont identifié notre pays comme un territoire idéal pour cultiver la peur et le suspense. Mais les projets venus d’Italie, de Scandinavie, d’Autriche, d’Espagne ou de France, bien sûr, sont également de plus en plus nombreux.

Historiquement, la Belgique a toujours été un terreau fertile pour l’étrange. Sans remonter jusqu’à Jean Ray, ténor de la littérature frissonnante s’il en est, la création du BIFFF en 1983 en est une preuve flagrante. Le festival du film fantastique de Bruxelles est vite devenu un événement majeur, reconnu à travers le monde pour sa curiosité, son audace… et son ambiance. Après avoir voyagé du Passage 44 à Bozar, en passant par Tour & Taxis, le BIFFF fêtera la semaine prochaine sa 40e année d’existence. Pour cela, il emménage à Brussels Expo, au Heysel.

 

Le fantasme BIFFF

On ne va pas vous mentir : les premières sélections au BIFFF de films cofinancés en Wallonie ont été accueillies comme de merveilleux trophées par l’équipe de Wallimage Coproductions. Muse et I Figli della Notte occupent, grâce à cette performance, une place à part dans nos cœurs. Loin de nous l’idée de nous reposer sur nos lauriers : nous avons, ces derniers temps, encore dopé nos soutiens au genre. Au point de devenir LE fonds européen avec le catalogue le plus excitant en la matière. Consécration absolue : le BIFFF nous accueille cette année avec QUATRE œuvres majeures.

L’ouverture des hostilités (lundi 29 août), après deux années très perturbées par un virus mortifère, a même été confiée à The Vesper Chronicles, une odyssée franco -belgo-estonienne, coproduite chez nous par 10.80 films. Sélectionné en compétition officielle au Festival de Karlovy-Vary (catégorie A) et sorti en France le 17 août sous les acclamations de la critique, cette odyssée de science-fiction démontre que l’Europe peut encore, quand elle s’en donne la peine, s’imposer sur des terres largement dominées par les productions américaines.

 

Quatre films incroyables

Cette résistance européenne à l’hégémonie américaine avec des œuvres d’une grande ambition est d’ailleurs le point commun qui unit les quatre films cofinancés par Wallimage.

Prenez Hinterland. Initié en Autriche et coproduit par le Luxembourg, ce thriller expressionniste a trouvé, grâce à Scope Pictures, une assise belge. Une participation loin d’être anodine. Le film a en effet été tourné sur fond vert (green key) et il s’agissait de réaliser en postproduction tous les décors en images numériques et de les incruster. Ce travail d’orfèvre est revenu aux magiciens de Benuts qui ont réussi à façonner un univers fantasmagorique halluciné, à l’image de l’état d’esprit des personnages. Hinterland, digne héritier de Dark City, repose en outre sur un scénario formidable qui plonge le spectateur au lendemain de la Première Guerre mondiale. Une poignée de soldats autrichiens tardivement libérés des camps russes reviennent à Vienne, dépenaillés. Ils y sont accueillis avec circonspection, car on les soupçonne d’avoir été retournés et d’être des espions communistes. Du coup, lorsqu’un serial killer très sadique s’attaque à eux, la police regarde ailleurs. L’enquête du héros, victime en sursis, s’apparente alors à une course contre la mort. Comme la résolution de ce whodunnit hors pair est à la hauteur de son originalité, on ne peut que vous conseiller de réserver vos places pour la projection du 2 septembre à 16 h 30. D’autant que le film ne sortira pas dans les salles belges.

 

Dans une lignée assez similaire, Freaks Out, cofinancé en Belgique par Gapbusters, est une œuvre italienne d’une folle ambition. Ce film de super héros nous plonge au cœur d’un cirque itinérant, peuplé de créatures spectaculaires, dotées de pouvoirs étranges. Nous sommes en 1943 et Franz, un pianiste fasciné par le nazisme, se met en tête d’amener ces créatures à Berlin pour sauver le Troisième Reich de la débâcle. Esthétiquement sublime, ce film italo-belge réalisé par Gabriele Mainetti a remporté six Donatello du cinéma italien (les Oscars locaux) dont celui de meilleur producteur qui couronne pour la deuxième fois en trois ans le Liégeois Joseph Roushop. Rendez-vous est pris le 9 septembre à 20 h 30 pour découvrir en Première belge, ce monument.

 

Megalomaniac, le dernier long métrage estampillé Wallimage qui sera présenté au BIFFF, est sans conteste le plus angoissant du lot. Imaginé et réalisé en Wallonie, il y a été entièrement financé. Karim Ouelhaj qui n’a peur de rien raconte ici l’histoire… des enfants du dépeceur de Mons, ce tueur jamais identifié qui sévit en mars 1997, abandonnant les membres de ses victimes, toutes féminines, dans des sacs poubelles. Avant de disparaître pour toujours. S’il reste encore cinq ans aux enquêteurs pour faire la lumière sur cette sordide affaire digne de Jack l’Éventreur, Megalomaniac imagine que le psychopathe a eu un fils qui décide, vingt-cinq ans plus tard, de célébrer « l’œuvre de son père » en répliquant son modus operandi. Et une fille très perturbée, on le serait à moins. Avec son budget très serré, Megalomaniac aurait pu (dû) n’être, qu’un fanfilm sympathique et, au mieux, inquiétant. On est (très) loin de ça ! Viscérale, dérangeante, spectaculaire, visuellement époustouflante, cette œuvre a sidéré Montréal, remportant au Festival Fantasia, les prix de meilleur film et de meilleure interprète. Un coup de tonnerre unanimement salué par la presse nord-américaine. Et une immense fierté pour Okayss, jeune maison de production liégeoise, qui a amené ce film vers la lumière. Qu’on soit bien clair : Megalomaniac n’est pas un slasher d’horreur banal. C’est un choc qui vous laissera étourdi et bouleversé. Plutôt à conseiller aux fans de Martyrs qu’à ceux de Scream, donc. La projection, officiellement encadrée par Wallimage, se déroulera mercredi 31 août à 21 h 30 dans une salle de 500 places. En présence de l’équipe du film, bien sûr.

Quatre longs métrages Wallimage en sélection au BIFFF, voilà la preuve ultime que notre pays peut très bien se glisser sans la moindre honte dans le concert international du frisson avec des ambitions très hautes. Nous y avons toujours cru. Envers et contre tout (tous). Ce triomphe est donc peut-être un détail pour vous, mais, pour nous, ça veut dire beaucoup…