109e session : retour en force de la comédie française (mais pas que)

  • 25.04.2022

Huit dossiers cofinancés, 1,4 million investi pour des dépenses en Région Wallonne estimées à 11,3 millions : cette deuxième session de 2022 a été caractérisée par un afflux de très gros projets et une compétition forcément très tendue. Réunis le 1er avril, les membres du Conseil décentralisé des Coproductions ont dû effectuer une sélection cornélienne, sachant qu’une fois encore, des propositions non retenues auraient très bien pu entrer dans notre line-up si notre volant d’action avait été un peu plus large. Mais administrer c’est choisir et tout fonds sélectif peut s’avérer cruel in fine.

Comme souvent, la sélection est très diversifiée et, si aucun projet d’animation ne nous a été soumis, la liste des lauréats comprend des longs métrages en coproduction, une série scandinave et deux séries belges, de fiction et documentaire. Des comédies, des drames, des découvertes et des confirmations.

La vie pour de vrai qui effectuera en Wallonie des dépenses impressionnantes est la nouvelle comédie de Dany Boon, qui nous a été présentée par sa société de production belge 26DB Productions. Pour donner vie à un scénario à la mécanique assez implacable, le film réunira autour de l’auteur-acteur-réalisateur-producteur, Charlotte Gainsbourg et l’inamovible acolyte de Dany Boon, Kad Merad. 26 jours de tournage sont prévus en Belgique dont 5 en Wallonie, avec une équipe de 20 Wallons. La location du matériel de tournage implique Macadam Car, Eyelite, KGS et Panavision. Dany Boon fera par ailleurs appel, pour une spectaculaire scène d’action, au Studio virtuel Magic Loom qui a le vent en poupe tandis que les VFX seront réalisés chez Benuts et la postproduction sonore chez Bardaf.

 

On reste dans le domaine de la comédie, avec le nouveau long métrage de Rémy Bezançon dont nous avions cofinancé il y a quelques années Un heureux événement déjà coproduit en Belgique par Scope Pictures. Un coup de maître est le remake du succès argentin Mi obra maestra (My masterpiece) de Gaston Duprat. Il repose sur un duo d’acteurs emballant : Vincent Macaigne et Bouli Lanners qui ont déjà prouvé leur complémentarité complice dans Chien de Samuel Benchetrit. Même si le projet a été initié en France (sans crédit d’impôt), le budget est à 70% belge. 20 des 35 jours de tournage planifiés en Belgique, seront wallons avec une impressionnante équipe de 59 techniciens régionaux. Eye-Lite, KGS et Macadamcar loueront le matériel de tournage. Le montage image et l’étalonnage se dérouleront chez Studio l’Équipe Wallonie, la postproduction son chez Bardaf et les VFX chez MPC Liège (ex-Mikros).

 

Outre le fait que son père et son frère sont des stars, Victoria Bedos est connue pour être l’auteure et la coscénariste de La Famille Bélier dont le remake, Coda, a remporté en mars 3 Oscar dont celui du meilleur film. Avec Leo et moi, coproduit chez nous par Frakas, elle se plonge dans les émois adolescents à travers une vertigineuse exploration du concept de « genre ». Philippe Katerine, Pierre Richard et Chantal Lauby entoureront les jeunes acteurs de cette lumineuse fantaisie. S’il n’y a pas de tournage wallon au programme, 11 techniciens régionaux participeront au tournage tandis que Bardaf s’occupera de la postproduction son. Léo et moi est un des projets « plus modestes » qui se sont intercalés dans le peloton des mastodontes de la session en offrant notamment des conditions de remontées de recettes très attrayantes.

 

Sur un schéma identique, avec un résultat positif analogue, Toutes pour Une, que nous a amené Versus, est une relecture des Trois Mousquetaires… au féminin. Réalisé par Houda Benyamina, qui remporta trois César et la Caméra d’Or à Cannes avec Divines, ce film d’aventures atypique et débridé réunira Oulaya Amamra, Lou De Laâge, Héloïse Letissier (Chris, sans les Queens), et Deborah Lukumuena. De quoi mettre en PLS tous les obsédés du supposé wokisme qui luttent contre la vague féministe actuelle. Si les dépenses wallonnes de ce projet ne sont pas colossales, axées surtout sur la filière son, l’audiodescription, les VFX chez l’Autre compagnie, quelques techniciens et du matériel wallon sur le tournage, le dossier s’est hissé dans notre line-up grâce à une demande réduite et une proposition de recettes boostée qui ont suscité l’enthousiasme du Conseil.

 

Le dernier long métrage retenu lors de cette session est initié au Canada et coproduit en Belgique par Gapbusters. Niamh Algar (Raised by wolves), Michael Shannon (Take shelter), Marisa Tomei (May Parker dans les films Marvel, The Wrestler) seront les interprètes de ce thriller tendu sous la houlette de Maxime Giroux. Tout le tournage de In Cold Light est prévu outre-Atlantique, mais Vincent Cahay, habituel collaborateur de Fabrice Du Welz, composera la bande originale et toute la postproduction à l’exception du montage image sera wallonne, VFX compris ! Des dépenses très structurantes donc pour notre industrie. On notera que la société XYZ avec qui nous avons déjà collaboré à de nombreuses reprises est déjà impliquée sur le projet : une garantie de diffusion efficace à l’international dans le créneau de plus en plus couru du film de genre.

Comme il est de plus en plus compliqué d’attirer en Wallonie les effets spéciaux d’œuvres françaises, des producteurs belges n’hésitent plus à explorer d’autres territoires pour combler l’appétit de nos excellents studios. C’est en Finlande qu’André Logie (Panache) a déniché Estonia, série de prestige, coproduite par l’Estonie, la Suède et donc, aussi par la Belgique. À la manière de Tchernobyl, la narration nous plonge dans l’enquête qui a suivi le naufrage du MS Estonia, le 28 septembre 1994, alors qu’il assurait la traversée entre Tallinn et Stockholm. Sur les 898 passagers, 852 vont périr. Un peu plus d’un quart du tournage est prévu à Vilvoorde dans le studio aquatique Lites. Pendant cette période, 15 Wallons œuvreront, notamment sur la construction de la coque du bateau. Toute la postproduction (sauf montage images) se fera sous la houlette de Bardaf avec la majorité des dépenses en Wallonie (monteur son, mixeur, bruiteur…). Au moins 800 000 euros seront investis pour élaborer les très importants effets spéciaux numériques chez l’Autre Compagnie. Cela représente 850 jours/hommes, soit une équipe de 10 à 12 personnes pendant plusieurs mois pour la société installée à la Hulpe.

On reste dans les séries mais on change radicalement de registre avec le retour de Baraki, toujours produite par Koko arrose la culture avec le soutien de 10.80 films. Concentrée en douze épisodes de 26 minutes, cette saison 2 reprendra la saga juste à l’endroit où ses géniteurs l’ont abandonnée en fin de saison 1 après 20 épisodes déjantés. Mis à part quelques renforts, l’équipe sera globalement identique à celle de la première saison avec 51 Wallons œuvrant pendant 50 jours en Wallonie (+ 10 à Bruxelles). La location de l’électro et du matériel de prise de vue est prévue chez EyeLite, le mastering et l’étalonnage au Studio L’Equipe Wallonie. On notera que la saison 1 a été vendue à Netflix pour le Benelux et la France en attendant une extension de la diffusion à l’international.

 

Saviez-vous que la Belgique se positionne à la deuxième place du classement du nombre de BioTechs, par habitant, derrière Israël et devant les États-Unis ? C’est ce que vous découvrirez dans Wallonia Life science, dernier projet retenu lors de cette 109e session. Cette série documentaire de huit épisodes, conçue et réalisée par Frédéric Moray, et Jeanne Hebbelinck, et produite par Limited Adventures SPRL et La colline d’en Face, nous expliquera ce succès méconnu en vulgarisant la recherche scientifique et sa commercialisation à travers le portrait de chercheurs et d’entrepreneurs wallons. La plupart des techniciens associés à ce projet seront (évidemment) wallons tandis que l’intégralité de la postproduction sera localisée à Liège chez Bardaf (de toute évidence, le grand vainqueur de cette session). Cerise sur le gâteau, la bande originale sera signée par le groupe namurois Glauque qui a déjà collaboré avec l’équipe de production sur le projet « À la recherche de nouveaux modèles » diffusé l’an dernier sur Tipik. Un autre gage de qualité !