114e session : la Wallonie s’anime chaque jour un peu plus

  • 15.05.2023

Cette seconde session de l’année a été la plus compétitive de l’histoire de Wallimage, avec près de 2,4 millions d’euros sollicités au fonds, au travers de 16 projets. Notre volant d’investissement ayant ses limites, le Conseil décentralisé des Coproductions réuni de lundi 24 avril n’a pu décider de soutenir que 7 des 16 dossiers déposés lors de cette deuxième session de 2023. Soit un taux de 47,3 % d’acceptation, le plus bas de notre histoire. Pas question d’être négatifs pour autant ! Ces projets généreront d’énormes dépenses en Wallonie et correspondent exactement à ce que nous recherchons pour stimuler l’économie régionale.

 

QUATRE PROJETS D’ANIMATION

Amenée par NextFrames Media, la série Billy Le Hamster Cowboy comptera 52 épisodes de 11 minutes à destination des 4/8 ans. Pour sa deuxième présentation chez nous, la production a augmenté ses travaux wallons de 1.2 million pour un total de plus de 3.7 millions d’euros proposant au fonds un ratio de réinvestissement de plus de 1000 %. C’est désormais NextFrames Media Studio, récemment installé à La Hulpe qui travaille sur ce projet. La tâche attribuée au jeune studio wallon comprend l’animation de 26 épisodes pour 18 artistes et le compositing de l’ensemble de la série pour 13 autres personnes.

Second passage aussi pour nWave avec son projet The Inseparables, 4e film du wallon Jérémie Degruson, co-réalisateur des fabuleux « Le Manoir magique », « Bigfoot Junior » et « Bigfoot Family ». Le dossier nous a été initialement présenté en 2022 et Wallimage avait fait quelques importantes demandes qui ont toutes été satisfaites depuis. nWave a ainsi doublé notre prorata d’accès aux recettes et a ouvert un studio à Liège avec une partie de l’ancienne équipe de Digital Graphics, toujours sous la férule de Thierry Tirtiaux. 6 animateurs y œuvrent déjà sur ce long métrage. Des artistes seniors de Dreamwall ont également collaboré au projet pendant six semaines grâce à un accord entre les deux studios. Ces dépenses s’ajoutent aux 24 techniciens wallons qui ont travaillé depuis les prémices du développement du film dans le studio bruxellois. En tout, ce sont plus de 2 millions d’euros qui seront investis en Wallonie pour ce blockbuster à la vocation internationale.

Au cœur d’une telle déferlante, Belvision ne pouvait pas rester aux stands. Sa prochaine coproduction sera Les Légendaires, le premier long métrage de Pan Animation, la toute nouvelle petite sœur de la Pan Européenne qui aborde un genre inédit dans son line-up. Les relations entre Pan et Belvision sont nées autour des adaptations de Largo Winch au cinéma, des projets auxquels Wallimage a toujours été associé. Elles trouvent ici une concrétisation pratique puisque Dreamwall sera en charge de 33 % de l’animation 3D, des effets spéciaux sur les vêtements et du modeling et texturing de décors et accessoires pour un total de plus de 1,9 million d’euros. Cette production occupera en Wallonie 23,8 équivalents temps plein, dont 6 postes-cadres dans les studios de Marcinelle, soit 5247 jours/homme sur une période de 21 mois. La spécificité majeure de cette adaptation classieuse d’une série de BD très prisée du jeune public est d’être réalisée grâce au moteur Unreal que Dreamwall va intégrer à son travail pour la première fois en recrutant des spécialistes très attirés par l’aventure. Dirigé par le Français Guillaume Ivernel (Chasseur de dragons, Lucky Luke), Les Légendaires est un long métrage ambitieux au fort potentiel international.

Derrière chaque projet retenu par Wallimage, il y a évidemment un enjeu de développement industriel pour la région. La petite souris, animation en réalité virtuelle de 45 minutes proposée par Stacka, permettra au studio The Pack Wallonia, établi à Mons, d’employer 8 personnes pour un total de 794 jours/hommes. Comme la moitié de l’équipe est composée de spécialistes du temps réel, le studio est même devenu leader sur la fabrication de ce conte de Noël franco-belge qui devrait hypnotiser les plus jeunes.

 

TROIS PROJETS LIVE

Trois projets « live » ont aussi réussi à tirer leur épingle du jeu pour rejoindre le line-up de Wallimage.

Artemis Productions nous a amené la saison 2 de Pandore, condensée en 6 épisodes de 52 minutes ce qui semble devenir la nouvelle norme européenne. Vania Leturq, Savina Dellicour et Anne Coesens sont toujours aux commandes de cette suite qui narrera le combat entre Claire, la juge et Mark, le politique populiste tandis qu’un lanceur d’alerte est arrêté. La série reste évidemment très bruxelloise avec seulement 10 % des dépenses belges en Wallonie, mais une très petite demande a pu compenser ce handicap et glisser Pandore dans une enveloppe étriquée par rapport aux sommes sollicitées. En tout, ce sont près de 200 000 euros qui seront consacrés aux salaires du personnel. À quoi s’ajoutent une cantine, de la location de machinerie chez KGS et un peu de postproduction chez Bardaf et Benuts. Malin !

Christmas Carole est le premier projet développé par Belga Studios (à ne pas confondre avec Beside, désormais indépendant) qui sera mis en production. Ce film de Noël destiné à séduire un très large public s’articule autour de la rencontre de deux générations que quasi tout oppose et que seuls quelques événements festifs (comme un réveillon, donc) peuvent rassembler. Réalisée par Jeanne Gottesdiener, cette comédie réunira Didier Bourdon, Noémie Lvovsky et Christophe Montenez pour un tournage wallon de 35 jours. 40 techniciens qui sortiront tout juste du plateau de Schlitter, également soutenu par Wallimage, monopoliseront un peu plus de 900 000 euros, tandis que la postproduction sera française. Un peu de location, un green manager et un compositeur complètent les dépenses wallonnes de ce dossier qui en appelle d’autres dans les mois à venir.

Tout le monde (ou presque) connaît Saint-Exupéry, le pilote, l’écrivain, le père de Vol de nuit et du Petit Prince. C’est dire que ce Saint Ex mis en scène par l’Argentin Pablo Agüero et coproduit en Belgique par Frakas Productions a de quoi allécher les cinéphiles, surtout que son casting a des relents de perfection avec en tête d’affiche Louis Garrel (Antoine), Vincent Cassel (Guillaumet) et Diane Kruger (Noëlle). Ce film d’aventures teinté de poésie légèrement surréaliste n’est pas un biopic. Il conte un épisode de la vie du pilote-écrivain engagé en Argentine dans le transport aérien de courrier. Le tournage sera pourtant essentiellement parisien. Oui, mais en studio sur fonds verts. Lites accueillera aussi l’équipe pour trois journées dans son impressionnant bassin. Une partie des effets spéciaux numériques sera effectuée chez Benuts tandis que la postproduction sonore sera partagée entre Bardaf, Dame Blanche et le Studio l’Equipe à Rosières.

 

TENDANCES

Depuis le début de cette année, nous devons constater qu’une tendance forte se dessine lors de nos sessions de financement : une arrivée massive de formidables projets d’animation. En janvier, nous en avons reçu sept, et cinq de plus à l’occasion de notre deuxième appel. Et les résultats de cette session le montrent, ces projets d’animation rencontrent pleinement les objectifs économiques de Wallimage et se hissent souvent dans le haut du classement. C’est une excellente nouvelle car la Wallonie compte de nombreux studios spécialisés qui ont besoin de projets ambitieux pour nourrir leur pipeline et garantir l’emploi de leurs artistes, tout en les faisant progresser au fil des expériences. Mais que les producteurs de projets en prise de vues réelles se rassurent, Wallimage tient à garder un équilibre entre le Live et l’Animation et sera attentif à adapter ses analyses si cette dominance de l’animation venait à se confirmer sur le long terme.

 

PROCHAIN DEPOT

Le dépôt de la prochaine session de Wallimage est programmé pour le jeudi 8 juin, MAIS ATTENTION : en raison de notre participation au Festival d’Annecy, le deadline pour tous les dossiers d’animation est avancée au 1er juin. Après cette date, il sera impossible de soumettre sur notre plateforme un projet dans cette catégorie.