La nouveauté, cette année, est naturellement que Rundskop, un long métrage majoritairement flamand, coproduit par le fonds mixte, a remporté quatre Magritte dans une cérémonie organisée par la partie francophone du pays. Pas d’ostracisme, c’est entendu et Michael Roskam a magnifiquement résumé cette vérité avec une phrase simple, mais reprise un peu partout depuis hier soir : « Ce prix est très important. C’est la preuve que pour faire un film belge, il faut… des Belges ». Son film à cheval entre le Limbourg, la Flandre occidentale et la province de Liège avec des acteurs flamands et wallons, est un exemple frappant d’intégration réussie. Idem pour la structure de production initiée par Savage Films et relayée en Flandre par Eyeworks et à Bruxelles par Artemis.
SI vous pensez que ces récompenses sont des concessions au politiquement correct, c’est que vous n’avez pas tendu l’oreille pendant la cérémonie : chacune des nominations du film de Michael Roskam était accueillie par des applaudissements un peu plus chaleureux que la moyenne. On ne vous parle même pas de la seule évocation du nom de Matthias Schoenaerts qui fit monter la température de la salle de quelques degrés. Rundskop est un véritable phénomène. Avant sa récente ressortie au cinéma, il avait déjà drainé 500.000 spectateurs en Belgique. Toute l’année, il a récolté des trophées partout à travers le monde, Matthias est devenu un des acteurs les plus hot du moment et, vous le savez, Bullhead (c’est son titre international) est retenu pour la dernière ligne droite des Oscars dans la catégorie « Meilleur film en langue étrangère ».
[Matthias Schoenaerts avec Stéphanie Hugé, responsable des coproductions chez Wallimage]
Dès le départ, Wallimage/Bruxellimage s’est montré très enthousiaste à soutenir le projet, économiquement intéressant et artistiquement prometteur. Un pari qui porte ses fruits bien au-delà de toute espérance.
L’autre camp qui exultait samedi soir est celui des Géants. Car de toute évidence, personne n’avait prévu que le formidable film de Bouli serait le grand vainqueur de la remise des trophées. Cinq titres, donc, à porter au crédit de cette aventure que nous avons toujours défendue bec et ongles : meilleure photo, meilleur second rôle féminin pour Gwen Berrou, meilleure musique pour Bram Van Parys (The Bony King of Nowhere) et surtout, surtout, l’incroyable doublé : meilleure réalisation et meilleur film.
[Après cette incroyable avalanche de prix, Bouli avait la frite!)
Bouli est un cinéaste de la génération Wallimage: venu au long métrage avec Versus dans les années 2000, il a toujours été soutenu avec ferveur par le fonds wallon. La reconnaissance qu’il a reçue hier de la part de tous les professionnels du cinéma belge est une nouvelle pierre à l’édifice d’un cinéma belge qui se métamorphose et s’approche à grands pas du grand public.
[Thomas Doret vient chercher son prix. Sur scène, il fera un carton]
Outre ces neuf récompenses très remarquées, les longs métrages coproduits par Wallimage ont remporté une série d’autres trophées: Thomas Doret (Le Gamin au Vélo) est plus que logiquement couronné révélation de l’année, Quartier Lointain décroche le prix des meilleurs décors pour le formidable travail de Véronique Sacrez et Jérémie Renier empoche le Magritte du meilleur second rôle masculin pour sa composition Clocloesque dans Potiche.
Bref, aucune raison de faire la fine bouche à l’issue de la cérémonie. En même temps que les Magritte qui profitent de cette deuxième édition pour acquérir une légitimité nationale et un retentissement international, les deux fonds régionaux francophones voient leur soutien au cinéma belge largement reconnu par tous les professionnels. Dans certains sports, on appelle ça un grand schelem.
Le palmarès complet est ICI L
Photo d’ouverture : ©www.deuxiemeombre.com
Les autres : ©Philippe Pierquin