Quand Wallimage/Bruxellimage décide de cofinancer des films comme Marina ou Het Vonnis, c’est donc d’abord parce qu’ils font travailler de nombreux Wallons et Bruxellois. Hé oui: malgré des budgets souvent très contenus, ces productions dépensent beaucoup chez nous.
Dès la lecture des scénarios et des dossiers, il semblait aussi évident que, chacune de ces œuvres, dans son champ précis, pouvait capter l’attention d’un large public. Au moins en Flandre et sur Bruxelles. Pour un investisseur, c’est toujours un atout.
Sur ce dernier point, Marina, het Vonnis et même De Behandeling n’ont pas déçu. Les trois longs métrages ont attiré au total près d’un million de spectateurs en Belgique: des chiffres qui font fantasmer tous les producteurs francophones. Mais le propos n’est pas ici de revenir sur les spécificités des différents publics belges.
Le parcours d’un film se termine en général avec les prix nationaux: les Magritte à Bruxelles et les Ensors au nord du pays. Une très belle cerise sur le gâteau pour le réalisateur, les acteurs, les techniciens, les producteurs… et pour tous ceux qui ont choisi de soutenir le projet. Et personne chez Wallimage et Bruxellimage n’a l’intention de bouder ce petit plaisir supplémentaire.
Rendez-vous était donc pris de longue date pour ce 20 septembre au Casino d’Ostende où les Ensors (ex-Vlaamse filmprijzen) étaient remis lors de l’ultime journée du Film Festival. Combien de ces 24 nominations pourraient être transformées en statuettes?
(photo par Maryline Laurin)
Sur le coup de 22h15, l’ambiance est forcément à l’euphorie : avec cinq Ensors et deux récompenses annexes, Marina de Stijn Coninx est le grand vainqueur de l’année. Après son incroyable schlem dans les salles (plus de 500.000 spectateurs), ce biopic romancé de Rocco Granata a également séduit le jury chargé de désigner les lauréats.
Placé sous la présidence du réalisateur et scénariste Bart De Pauw, il était composé du producteur Dries Phlypo, le cinéaste et présentateur de télé Erik Van Looy, le scénariste Christophe Dirickx, le chef op Stijn van der Veken, la costumière Kristin Van Passel, l’acteur et réalisateur Tom Van Dyck, le critique Stefaan Werbrouck, la chanteuse Geike Arnaert et l’actrice Anemone Valcke.
Élu meilleur film de l’année, Marina a aussi valu à Stijn Coninx deux autres prix: celui du meilleur réalisateur et celui du meilleur scénario qu’il a coécrit avec Rik D’Hiet. Hubert Pouille a reçu l’Ensor de la meilleure direction artistique tandis que celui des meilleurs costumes revenait à Catherine Marchand. Un joli doublé après le Magritte récolté pour son travail sur Vijay and I.
Pour compléter cette razzia, Marina s’est vu octroyer l’Award de l’industrie, accordé par les professionnels flamands et le prix du public remis par Telenet qui diffusait pour la première fois la cérémonie via la chaîne Star Prime.
Face à ce tsunami, Het Vonnis l’autre favori de la soirée, lui aussi produit par Peter Bouckaert pour Eyeworks, doit se contenter de trois prix : Frank Van Den Eeden (également couronné par le ministère de la Culture flamande pour l’ensemble de son œuvre) est nommé “meilleur chef opérateur de l’année” tandis que Philippe Ravoet hérite de celui du titre de meilleur monteur.
Ultime satisfaction, et elle est importante : Koen De Bouw qui porte tout le film sur ses épaules est, fort logiquement, élu meilleur acteur de l’année. Un très beau retour sur l’avant-scène pour cet immense acteur, star de blockbusters comme de Zaak Alzheimer, Dossier K, Loft et Inringer.
Johan Van Assche, enfin, a décroché du meilleur acteur dans un second rôle pour son interprétation dans De Behandeling. Toujours produit par Eyeworks.
Cette pluie de récompenses aurait déjà pu nous combler, mais pour être tout à fait complet, il faut ajouter deux Ensors aux prix reçus par Wallimage/Bruxellimage : Spencer Bogaert, le jeune héros de Labyrinthus a été élu meilleur espoir (mixte) de l’année tandis que Deux Jours, une nuit de Jean-Pierre et Luc Dardenne décrochait l’Ensor de la meilleure coproduction avec la Wallonie.
Le film qui nous représentera aux Oscars a été coproduit en Flandre par Eyeworks (Peter Bouckaert, donc) avec les films du fleuve des frères. Soit le duo qui est aussi (dans l’ordre inverse) derrière Marina. Une belle histoire, non?