Avec Nicole Kidman et Tim Roth, le Festival est assuré d’une montée des marches spectaculaire. Mais l’intérêt de la soirée va au-delà puisque le réalisateur du film est français et générera aussi beaucoup d’attention.
Intrépide et (donc) controversé, Olivier Dahan a obtenu le soutien du festival qui proposera au monde entier le montage du réalisateur ce mercredi alors qu’il se murmure qu’une autre version, plus édulcorée et romantique, a été façonnée aux États-Unis.
Cinéaste versatile, Olivier Dahan est surtout connu pour avoir réalisé La Môme, un des films marquants de la dernière décennie du cinéma français qui offrait un rôle en or à… Marion Cotillard.
Et s’il est une star qui focalise l’attention de tous les médias en cette période cannoise, c’est bien elle qui tient le rôle principal de Deux Jours, Une Nuit, le dernier opus des frères Dardenne (produit par Les Films du Fleuve) que Wallimage a également cofinancé. Mieux ! Wallimage en est carrément le plus gros investisseur public ! Une grande première et le pinacle d’une magnifique histoire puisqu’on se rappelle que le fonds est né en 2000 sur les bases du triomphe cannois de Rosetta. On n’en conclura pas que la boucle est ainsi bouclée, car l’aventure est loin d’être terminée, mais la logique globale de la démarche wallonne en sort encore renforcée.
Fidèle partenaire des frères, Wallimage a participé avec eux à quatre campagnes cannoises, toutes couronnées de succès: en 2002, Le Fils vaut à Olivier Gourmet un prix d’interprétation. En 2005, coup de tonnerre: les frères décrochent une deuxième Palme d’or avec L’Enfant, porté par Jérémie Renier et Déborah François. En 2008, Le Silence de Lorna reçoit le prix du scénario tandis qu’en 2011, Le Gamin au Vélo arrache le Grand Prix (2e prix du festival).
Avec Deux Jours, Une Nuit, la plus célèbre fratrie du cinéma européen a, à nouveau, de sérieuses chances de figurer au Palmarès. Non seulement le film est remarquable, d’une force hallucinante et d’une précision diabolique, mais la prestation de Marion Cotillard est tout simplement exceptionnelle.
Sur le sol français, avec une présidente du jury aussi sensible aux grands personnages féminins que Jane Campion, tous les espoirs sont permis. Vraiment !
C’est à la Quinzaine des réalisateurs que Wallimage aligne son troisième film de la cuvée 2014. Alleluia de Fabrice Du Welz est le deuxième volet de la trilogie ardennaise entamée avec Calvaire. Le film n’en est pas une suite, mais il nous plonge dans un nouveau conte de la folie ordinaire, une histoire d’amour hystérique entre une infirmière et un beau quadra sans scrupule ni empathie qui a choisi pour vivre d’escroquer les femmes qu’il rencontre.
Film de genre, Alleluia est d’abord et avant tout une œuvre d’art très personnelle qui développe des climats étranges servis par une photographie assez étonnante et une interprétation sans filet. Un film qui risque d’embraser les festivaliers et peut-être de diviser la critique… ce qui est la moindre des choses pour une proposition aussi osée et particulière.
Même si Wallimage n’y est pour rien, on saluera également la participation à la compétition officielle des courts métrages de la jeune Laura Wandel avec l’émouvant, pudique et très interpellant Les corps étrangers. Au cœur d’une sélection de neuf titres choisis parmi près de 4000 candidats, Laura prouve d’emblée qu’elle est destinée à faire partie des grands réalisateurs que Cannes suivra de toutes façons avec attention au fil des ans. Ce qui est très rassurant. Et très valorisant.