84e session de Wallimage : abondance, diversité et théories du genre.

  • 19.05.2017

Le baptême du feu pour les nouveaux administrateurs fut remuant, car cet afflux inattendu a évidemment un revers : puisque la somme disponible pour coproduire les projets audiovisuels reste stable, le nombre de dossiers impossibles à financer explose. Ce qui ne veut pas dire qu’ils sont spécialement fragiles. Pas du tout ! Ces dossiers qui ne recevront pas le soutien régional wallon sont seulement victimes d’une concurrence mécanique assez féroce initiée par les producteurs eux-mêmes, de plus en plus professionnels et performants.

Dans ce contexte excitant, mais délicat, le conseil d’administration a néanmoins pu retenir sept propositions : cinq longs métrages et deux projets d’animation (un long métrage et une série de capsules courtes).

À l’intérieur de cette sélection, l’aspect le plus étonnant et aussi le plus enthousiasmant, est la diversité des projets choisis selon des critères 100% économiques. On y trouve quelques grosses coproductions, un premier film initié en Belgique, deux films de genre qui confirment notre ancrage dans le créneau et un projet quasi artisanal porté par un producteur qui fait ici son entrée dans le cénacle de Wallimage.

Première coproduction de Belga Films, Kursk est doté d’un budget assez colossal de 40 millions d’Euros. Dirigé par le Danois Thomas Vinterberg, magnifié par un casting très séduisant (Matthias Schoenaerts, Colin Firth, Lea Seydoux…), Kursk raconte l’histoire (vraie) d’un sous-marin russe coincé au fond de la mer suite à une explosion accidentelle. Hélas, le sort de son équipage est soumis aux aléas d’une diplomatie très bureautique.
Pour ses grands débuts internationaux, Belga a réussi l’exploit de territorialiser plus de 16 millions de dépenses en Belgique dont une part en Wallonie, essentiellement dans l’équipe de tournage au sein de laquelle, une team de construction imposante et l’incontournable Olivier de Laveleye responsable des effets spéciaux sur site. Mikros se voit confier le labo images et Macadamcar fournira les loges. Un étonnant décor wallon a également été retenu : l’église orthodoxe de Binche qui sera le cadre de quatre jours de tournage.

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Thomas Vinterverg a déjà dirigé Matthais Schoenaerts dans “Loin de la foule déchaînée”

Fort de ses contacts privilégiés avec la France, Scope Pictures a été un des seuls à nous amener une coproduction avec nos voisins. De façon assez surprenante, le Collège de la Dernière Chance est une comédie adaptée… des blagues de Toto. Comme souvent avec Scope, les investissements wallons sont importants. Les SFX se feront chez l’Autre Compagnie à la Hulpe tandis que de nombreux jeunes acteurs wallons ont été castés pour ce qui sera leur première apparition à l’écran. On note avec satisfaction l’implication de la structure musicale General Score qui s’occupera de l’enregistrement de la bande originale, selon un modèle qui vient d’être testé avec grand succès sur le film Nos Patriotes.

Produit par Artemis, Cavale sera le premier long métrage de la réalisatrice belge Virginie Gourmel. L’excellent scénario de Micha Wald conte sur le mode du road movie l’échappée belle de trois adolescentes… légèrement perturbées. L’entièreté du tournage aura lieu en Wallonie. Près d’un demi-million sera dépensé chez nous, auprès de prestataires tels que CQFD, Tacha Cantine, Eye-Lite Wallonie, KGS Development ou Charbon Studio. De nombreux techniciens dont plusieurs chefs de postes seront aussi de la partie.

Depuis quelque temps, Wallimage est de plus en plus sollicité par des producteurs qui proposent des projets de films de genre. Le créneau est particulièrement intéressant pour un fonds comme le nôtre puisque ces longs métrages au budget maîtrisé mettent en valeur les effets spéciaux (et nous permettent donc de développer les entreprises wallonnes virtuoses dans le secteur) et sont parfois susceptibles de générer d’importantes recettes.

Le spécialiste de la discipline est Wallon puisque Frakas nous a déjà amené des œuvres comme Grave ou Muse. Il nous présente ici une coproduction irlandaise baptisée Sea Fever qu’on ne pourrait mieux décrire que comme une version maritime d’Alien. Des techniciens wallons chevronnés embarquent dans ce projet (scripte, chef costumière, constructeurs et décorateurs…) tandis que quelques jours de tournage se dérouleront en studio au Pôle image de Liège. En postproduction, Mikros s’occupera de l’étalonnage et de tous les effets spéciaux visuels.

On retrouve Mikros dans l’autre dossier de « genre ». The Hole in the ground s’inscrit dans la tradition du film d’horreur psychologique avec un scénario aussi mystérieux que fascinant. Ce premier long métrage sera la 3e collaboration entre Benoit Roland (Wrong Men) et ses fidèles partenaires irlandais de Savage après Pilgrimage, déjà vendu dans le monde entier et l’intrigant Good Favour qui devrait entamer sous peu une carrière en festivals. Ici, la Finlande s’ajoute au duo pour boucler le plan de financement. Quatre jours de tournage se dérouleront en Wallonie et le film sera entièrement post-produit chez nous. Quentin Collette et Philippe Charbonnel (au studio l’équipe Bierges) rejoindront le projet pour s’occuper de la filière son, et les VFX seront donc pris en charge par Mikros Image Liège.

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Une session de Wallimage ne serait pas tout à fait complète sans projets d’animation. Le conseil d’administration du fonds wallon en a sélectionné deux.
Après 78 épisodes pour la télé, Vic le Viking devient un long métrage d’animation présenté comme un mix d’aventures spectaculaires et d’humour à mi-chemin entre Dragons et Astérix. Initié par Studio 100 en France et en Allemagne, le film sera coproduit en Belgique par Belvision qui s’ouvre ainsi des perspectives de collaboration avec de nouveaux partenaires. Il sera en partie réalisé dans les studios Dreamwall. Le doublage français devrait se faire chez Dame Blanche.

Par rapport à ce projet au budget conséquent (on parle de plus de dix millions d’euros), le dernier dossier approuvé est presque artisanal. Il ne nous a pas moins séduits. Truffe Production (Ferdinand Kech) nous a proposé une saison 2 des aventures de Luchien un loufoque canidé imaginé par Bruno Taloche et animé en 3D par Michel Trutin. 250 jours de travail occuperont le tout petit studio wallon Mediatiks. Ces épisodes d’une minute aussi appelés « filler » sont très prisés par les télés, car ils peuvent se glisser avant un JT ou entre deux pages de publicité. Leur potentiel à l’international est prometteur.