9 projets cofinancés pour un total de 1 626 000 euros.

  • 11.10.2022

21 projets déposés ! À la seule exception du lancement de la ligne mixte Wallimage-Bruxellimage, il y a une douzaine d’années, c’est le nombre d’applications le plus élevé jamais enregistré chez Wallimage. Et cela, malgré le fait que le fonds wallon propose cinq sessions tout au long de l’année.

Autant dire que le petit monde du cinéma belge est particulièrement dynamique ces temps-ci et que, grâce à l’action conjuguée du Tax Shelter et de Wallimage, les sociétés établies en Wallonie ne sont pas près de manquer d’opportunités. Les techniciens résidant dans la région ne sont même plus assez nombreux pour répondre à toutes les sollicitations des producteurs. Si vous êtes un professionnel de l’audiovisuel et que vous avez envie d’être appelé régulièrement et de bien gagner votre vie, la Wallonie sera ravie de vous accueillir à bras ouverts.

Malgré une enveloppe budgétaire dépassant 1,7 million, le Conseil décentralisé des Coproductions n’a pu retenir que 9 des 21 dossiers. Plus de 57 % des propositions non financées : le chiffre est très inhabituel pour le fonds wallon. Il deviendra peut-être assez classique si la tendance inflationniste se confirme.

Parmi les neuf projets soutenus, trois sont de taille plutôt modeste, mais les six autres ont planifié des dépenses wallonnes très importantes. Quatre de ces neuf projets, deux longs métrages de fiction et deux documentaires, sont d’initiative belge.

BELGITUDE

Maldoror, nouveau long métrage de Fabrice Du Welz est un film noir, ambitieux, porté par Frakas Productions, et doté d’un budget conséquent déjà bien financé par le marché, ce qui n’est pas courant. 20 jours de tournage sont localisés dans la région de Charleroi, 25 en Allemagne dont 10 dans les fameux studios MMC de Cologne. Le film y occupera trois plateaux ce qui est assez exceptionnel. Vingt-six techniciens  accompagneront Benoit Poelvoorde, mais aussi Antony Bajon et Alba Gaïa Bellugi, sur le tournage tandis qu’une série de sociétés comme TSF, Luminesens, Level-9 SFX, Beam Lite, Nalo Event, Babel Subtitling et Chambre Noire seront impliquées à des degrés divers dans l’aventure.

Kozak Films, la société de production conduite par Pierre Foulon, a déjà décroché un soutien de notre fonds de développement Wallimpact pour Wallifornia Dreaming, un projet déjanté, féministe et très excitant qu’on a hâte de voir porté à l’écran. C’est par contre la première fois que cette compagnie nous propose un dossier en vue d’obtenir un investissement en coproduction. Reflet dans un diamant mort sera le quatrième long métrage d’Hélène Cattet et Bruno Forzani, deux réalisateurs très prisés à travers le monde pour l’ensemble de leur œuvre très esthétique, ultra référentielle (le Giallo, le western spaghetti, le film d’espionnage) et teintée de fétichisme. Stars des festivals de genre, les réalisateurs tentent ici d’élargir leur spectre de diffusion. Le tournage essentiellement italien occupera sept techniciens wallons, mais toute la post-production sera localisée chez nous dont des effets spéciaux, cruciaux, pour plus de 300 000 euros.

Rayon documentaire, Les Films de la Passerelle aborde un sujet passionnant : la quête de l’immortalité. Le réalisateur d’origine carolo Thomas Licata a enquêté jusqu’au Nouveau-Mexique sur les traces de sociétés qui ambitionnent de briser La Limite d’Hayflick (c’est le titre du film), soit ce moment critique où la division cellulaire s’accompagne d’une altération qui va crescendo jusqu’à la mort. Il a également rencontré une Américaine désireuse de se faire cryogéniser pour être ramenée à la vie au moment où cette fameuse barrière aura été éliminée et qui a investigué auprès de l’entreprise technologique qui lui propose cette étonnante perspective. Rarement a-t-on été aussi excité par un sujet d’une portée universelle, mais très wallon dans sa conception comme tous les films initiés par la compagnie liégeoise : la plupart des techniciens habitent en Wallonie, Cetemi loue le matériel et la postproduction image se fera chez Genval-Les-Dames.

Encore plus régional dans son essence, Incasables : la clef des champs fait suite à l’excellente série documentaire Brigade des Mineurs, diffusée l’an dernier par la RTBF. Le réalisateur Clément Leenhardt accompagnera cette fois quatre adolescents en rupture de société, accueillis à la Ferme Écosphère de Loupoigne. Ces jeunes (et leurs éducateurs) vont participer au quotidien de la ferme : effectuer les tâches récurrentes de nettoyage, de nourrissage, de ramassage des œufs, le tout au contactdes les animaux. Mettre les mains dans la terre pour la biner, semer les cultures de la serre et entretenir les prairies. Tel un séjour de rupture, qui vise à briser les codes institutionnels, le projet a pour intention de faire s’ouvrir les jeunes à autre chose, de les entourer, et de les aider à trouver « leur clé ». Le tournage, chapeauté par Prod à la demande, est évidemment 100 % wallon comme les techniciens et la postproduction image effectuée à Genval-Les-Dames.

ANIMATION

Sans surprise, l’animation reste à la une de l’actualité wallonne avec deux projets imposants.

Pour La fille dans les nuages, Scope Pictures renoue avec Brio films avec qui elle avait déjà coproduit L’écume des jours et L’extraordinaire voyage du Fakir. Inspiré d’un roman pour jeune public, cette histoire épique sera confiée en Wallonie à Digital Graphics qui effectuera 30 % de l’animation globale, sous la direction de Guionne Leroy. Un tout premier long métrage 3D pour la société d’Alleur avec 3,3 millions investis chez elle qui généreront 479 jours de travail.

En cet automne, Dreamwall vise au contraire à alimenter son équipe 2D qui sort à peine des séries Les Filles de Dad et Monster Loving Maniacs. Elle enchaînera donc avec Le Trésor de Barracuda, un conte catalan à l’esthétique originale, coproduit par Belvision. 2/3 de l’animation et du compositing seront effectués à Marcinelle. 23 personnes (21,6 ETP) dont 4 postes-cadres seront ainsi occupés pour un équivalent de 2 078 jours/homme. Le doublage pour les territoires francophones sera également réalisé en Wallonie.

COPRODUCTIONS

Les trois autres dossiers proposés à cette session, qui seront soutenus par Wallimage, sont des longs métrages de fiction, coproductions franco-belges (et plus si affinités).

La Tête dans les étoiles n’est pas à proprement parler un nouveau projet pour Wallimage. Nous l’avions déjà retenu en mars 2021. Mais depuis lors, la configuration du projet a évolué et les dépenses wallonnes ont beaucoup augmenté. Son coproducteur belge Wrong Men, devenu financièrement majoritaire, a donc souhaité renoncer à ce premier soutien pour le représenter. Dans sa formule actuelle, cette comédie débridée sera tournée à 100% en Wallonie (35 jours), notamment à Marcinelle avec les écrans led de Magic Loom. Plus d’un demi-million consacré aux techniciens wallons, près de 200 000 euros de décors et costumes, 130 000  euros de moyens techniques chez TSF et plus de 600 000 euros investis dans la postproduction (son, labo, VFX, génériques et livraisons) : les chiffres bruts suffisent à expliquer comment ce projet a terminé tout en haut de notre classement. Depuis son premier passage, La Tête dans les étoiles a été acheté par Amazon qui le cofinance et le diffusera sur sa plateforme Prime pendant trois ans. Cette exclusivité initiale n’empêche pas une exploitation ultérieure, au moins sur les chaînes francophones qui adorent ce type de comédie grand public.

Plus intimiste et moins loufoque, Sous le vent des Marquises que nous a proposé Versus est le nouveau film de Pierre Godeau (Raoul Taburin) qui reste fidèle aux têtes d’affiches belges puisqu’à Benoit Poelvoorde succède ici François Damiens, épaulé par un formidable duo féminin composé de Salomé Dewael (Illusions Perdues) et Anne Coesens (Pandore, Duelles, Illégal…). Un seul jour de ce tournage qui commence dans le décor breton de l’île aux Moines est prévu en Wallonie. Mais outre l’acteur principal, une équipe technique très conséquente, un peu d’industrie et l’intégralité de la post-production son (post-synchro, bruitage, montage, mixage) seront wallonnes, avec des interventions de Bardaf, Cob Studio et Genval-Les-Dames.

Panache Productions est la dernière société à avoir obtenu un investissement de Wallimage lors de cette quatrième session de 2022, la 111e de l’histoire du fonds. Le Quatrième mur, signé par David Oelhoffen, est adapté du roman éponyme de Sorj Chalandon, Prix Goncourt des lycéens en 2013, vendu à 500 000 exemplaires depuis lors. Le drame intense et tragique, porté par les immenses Laurent Lafitte et Simon Abkarian, sera essentiellement filmée au Liban. Même si les dépenses wallonnes sont modestes, elles nous sont apparues constructives et variées : onze techniciens, dont l’ingénieur du son et le chef électro sur l’ensemble du tournage, des renforts durant une semaine au Luxembourg, de la location en postproduction et des VFX chez l’Autre Compagnie ont hissé cette petite demande en ordre utile dans notre classement, permettant ainsi à André Logie de rester coproducteur officiel de ce beau projet aux ambitions festivalières évidentes.

SESSIONS À VENIR

La remise des dossiers pour la dernière session de financement de 2022 est planifiée le 24 novembre, à 17 h, dernière limite. Entretemps, Wallimage organisera une session Wallimpact. Les projets en cours de développement devront nous être transmis au plus tard le jeudi 20 octobre à 17 h (par mail).

Dans les deux cas, comme d’habitude, notre équipe de coproduction se tient prête, en amont, à donner aux producteurs, tous les renseignements utiles pour peaufiner leur demande.  Notre consultant Green les aidera aussi à rendre leurs dossiers plus éco-compatibles (et à glaner de précieux points dans notre grille de cotation).