Cannes 2016 : Un Grand Chelem pour Wallimage !

  • 19.04.2016

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En compétition officielle, on retrouvera pour la 7e fois (8e participation en tout), Jean-Pierre et Luc Dardenne avec La Fille Inconnue. L’occasion d’un nouveau sacre ? On croise les doigts…

En 1999, Rosetta recevait la Palme d’or et un prix d’interprétation pour Émilie Dequenne sur la Croisette. Un triomphe suivi d’un prix d’interprétation pour Olivier Gourmet dans Le Fils, une deuxième Palme pour le sublime L’Enfant, un prix du scénario pour Le Silence de Lorna, le grand prix pour Le gamin au vélo. Seul Deux jours, une nuit, pourtant ovationné est reparti bredouille de la Croisette.

Avec deux récompenses suprêmes à Cannes, Jean-Pierre et Luc Dardenne figurent parmi l’élite du cinéma mondial puisqu’ils ne sont que six à avoir réussi cet exploit (sept si on compte les frères pour deux) : Emir Kusturica (1985 et 1995), les frères Dardenne donc (1999, 2005), Michael Hannecke (2009 et 2012), Francis Ford Coppola (1974, 1979), Bille August (1988, 1992) et Shohei Imamura (1983, 1997). Impressionnant, non ?

Dans La Fille Inconnue, produit bien sûr par Les Films du Fleuve, Adèle Haenel interprète Jenny, jeune médecin généraliste, qui se sent coupable de ne pas avoir ouvert la porte de son cabinet à une jeune fille retrouvée morte peu de temps après. Apprenant par la police que l’identité de la jeune fille est inconnue, elle se met en quête de trouver son nom…

À ses côtés, on pointe les acteurs belges Jérémie Renier, Olivier Gourmet, Christelle Cornil et Thomas Doret. La famille !

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Si la sélection des frères était espérée et attendue, celle de La Tortue Rouge est une délicieuse surprise. Ce deuxième long métrage cofinancé par Wallimage est également retenu en sélection officielle, dans la section Un certain regard. Il conte l’histoire touchante d’un homme échoué sur une île tropicale déserte qui forge une relation ambivalente avec une tortue géante qui s’échine à l’empêcher de quitter sa prison végétale.

Le récit, bien qu’ayant recours à la thématique classique du naufragé, est un prétexte pour aborder les étapes essentielles de la vie d’un être humain : tomber amoureux, fonder une famille, voir son enfant grandir puis partir, vieillir, mourir. Émotion garantie.

Cette œuvre d’animation muette est signée par un réalisateur néerlandais qui signe ici son premier long métrage. A 63 ans. Cela ne signifie pas que Michaël Dudok de Wit soit un inconnu. Loin de là…

Comme animateur, il a travaillé sur Transit, L’Enfant au grelot, Fantasia 2000 ou La Prophétie des grenouilles. En tant que réalisateur il a déjà signé quelques courts métrages dont Père et Fille qui remporta l’Oscar du meilleur court métrage d’animation en 2000. Excusez du peu…

Considéré comme un visionnaire par de très nombreuses figures de proue de l’animation, Michaël Dudok de Wit a carrément été adoubé par les mythiques Studio Ghibli chers au désormais retraité Hayao Miyazaki. Ceux-ci lui ont proposé de produire son premier long métrage.
Au départ, Michaël Dudok de Wit n’avait pas d’idée précise, mais c’est au Japon qu’il a écrit le scénario déroutant de Red Turtle et travaillé ensuite sous la supervision d’Isao Takahata (l’autre créateur de Ghibli) qui fut le directeur artistique du projet.

Coproduit en France par Wild Bunch et en Belgique par Belvision, La Tortue Rouge est ainsi arrivée dans les studios Dreamwall de Marcinelle où une équipe a œuvré durant 460 jours sous la supervision maniaque du réalisateur. Le film a aussi été réalisé à Avignon et Paris, car il était important que les gens qui y travaillent possèdent une « patte » européenne.

Si on en croit les excellentes rumeurs, le résultat devrait charmer les yeux et troubler les esthètes…

Deux autres longs métrages très ambitieux, également cofinancés par Wallimage sont eux aussi retenus à Cannes dans les autres sections majeures de la manifestation.

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Grave, le premier long métrage de la jeune réalisatrice française Julia Ducournau, coproduit en Belgique par Frakas Productions figurera au sommaire de la semaine de la critique. Il a été entièrement tourné à Liège.

À la lisière du film de genre et du thriller psychologique, Grave raconte l’histoire de Justine, 16 ans. Dans sa famille, tout le monde est vétérinaire, et végétarien. Dès son premier jour à l’école vétérinaire, Justine dévie radicalement des principes familiaux et mange de la viande. Les conséquences ne tardent pas et Justine révèle alors sa véritable nature. Une nature, comment dire ? Vorace !

Voilà : vorace !

De nombreux techniciens et comédiens belges sont intervenus sur ce projet comme Bouli Lanners, le chef opérateur Ruben Impens, l’assistant-réalisateur Dimitri Linder, la chef décoratrice Laurie Colson et la chef costumière Élise Ancion. Il promet d’être très largement commenté lors de sa diffusion sur la Croisette.

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Dernière section majeure annoncée cette année, la Quinzaine des réalisateurs accueillera Joachim Lafosse. Il participera à la manifestation avec l’Économie du couple qui met en scène un divorce tendu, rongé par des questions économiques.

Après dix ans de vie commune, Marie et Thierry se séparent. C’est elle qui a acheté l’appartement dans lequel ils vivent avec leurs deux enfants, mais c’est lui qui l’a entièrement rénové. Thierry n’ayant pas les moyens de se reloger, ils sont obligés de cohabiter. À l’heure des comptes, chacun essaie de conserver ce qu’il juge avoir apporté au couple. La guerre conjugale est déclarée.

Fanny Burdino, Mazarine Pingeot, Joachim Lafosse et Thomas Van Zuylen ont coécrit ce scénario qui oppose Bérénice Béjo et Cédric Kahn, épaulés par Marthe Keller, Philippe Jeusette, Catherine Salée et les jeunes jumelles Jade et Margaux Soentjens.

Coproduit par Versus Production et les films du Worso, L’économie du couple sortira en salles le 8 juin.

Encore une fois, le printemps cannois sera particulièrement joyeux pour l’équipe de Wallimage qui se fera fort de défendre sur place ses quatre bébés. Une preuve supplémentaire si le cinéma est aussi une industrie, il reste un art et que les deux axes ne sont pas antagonistes. Ils sont au contraire totalement complémentaires. Indissociables.