Les Schtroumpfs et … Zorro au menu de la 116e session de Wallimage

Le Conseil Décentralisé des Coproductions de Wallimage, réuni ce lundi 9 octobre pour clôturer la 116e session de financement, a décidé de soutenir douze nouveaux projets : deux séries et un long métrage d’animation, un long métrage de fiction et deux documentaires initiés en Belgique, deux séries internationales et quatre longs métrages de fiction initiés à l’étranger (Italie, Macédoine, Luxembourg), mais bien sûr coproduits chez nous. 

  • 16.01.2024

Trois projets d’animation

Sans surprise, l’animation est à nouveau très présente avec, en fer de lance, toujours présentée par Peyo Productions, une nouvelle saison des Schtroumpfs, la troisième, avec 52 épisodes de 11 minutes au menu. Localisée aux États-Unis pendant quelques années, cette IP fantastique est revenue en Wallonie voici quelques années pour un nouveau développement en série, fidèle à l’esprit de Peyo. Le succès artistique et commercial a d’emblée été impressionnant et cette troisième déclinaison ne devrait pas faire exception à la règle avec la création de nouveaux personnages alléchants. 1.8M d’euros sera dépensé chez Dreamwall qui animera 39 épisodes pour un équivalent de 27 temps pleins. La fabrication s’achèvera au cœur de l’été 2025.

Très différente dans son graphisme et son ton, la série Ki & Hi, présentée par Belvision est l’adaptation d’un manga français vendu à plus d’un million d’exemplaires. Le studio liégeois Waooh ! qui travaille pour la première fois avec la maison de production de Marcinelle sera en charge des storyboards et des décors des 52 épisodes ainsi que de l’animation de 10 épisodes. Cette production occupera en Wallonie 26,5 équivalents temps plein, dont 6 postes cadres pour un total de 5.838 jours/hommes sur une période d’un an et demi. Ces chiffres ont de quoi donner le tournis, mais démontrent l’importance qu’a prise le secteur de l’animation dans le développement économique wallon.

Contrairement aux deux autres projets, Tally Ho ! est un long métrage en (fausse) 3d pour les 6/10 ans. Il présente deux particularités industrielles importantes : il nous a été amené par Freaks Factory,  une nouvelle maison de production wallonne spécialisée dans l’animation, et sera réalisé dans un nouveau studio liégeois, Picture Factory, placé sous la direction de Quentin Buchkremer, récemment passé, au gré des projets, par Dreamwall, Red Dragon (Pekin), Grid, Digital Graphics, Nextframes et Movida (Nwave Wallonie). Ce deuxième long de Caroline Origer raconte la rencontre et les aventures épiques d’Holly, une hérissonne orpheline et de Walter, un joyeux lapin, père de 53 enfants et épuisé par le quotidien. Le studio liégeois travaillera sur le layout, l’animation, le rendu, la postproduction image et les VFX de cette œuvre fédératrice. 15 artistes wallons ont déjà été identifiés. Ils participeront ensuite aux six projets qui sont déjà dans le pipeline de la maison de production. Wallimage est ravie de la création de ce nouveau studio prometteur.

Séries Internationales

Plutôt rares cette année, les séries font leur retour en cette rentrée, emmenée par un projet très attractif. Panache Productions nous propose en effet le grand retour de Zorro. Dans la peau du justicier masqué (et dans celle de Don Diego, cela va de soi), Jean Dujardin. André Dussolier campera son père, Grégory Gadebois, le sergent Garcia et Audrey Dana, l’épouse de Diego. Conçue et écrite par Benjamin Charbit (« La Bête » de Bertrand Bonnello) et Noé Debré (la série « Parlement », les films « Stillwater », « Le Fidèle », « Le Brio »…), la série sera réalisée par Jean-Baptiste Saurel (la série « Parallèles », le court-métrage culte « La Bifle ») et Emilie Noblet (« Parlement », « Les 7 vies de Léa »…). Soit une équipe de… jeunes briscards qui insuffle à un univers qu’on croyait connaître par cœur une folie surprenante. Si le tournage est espagnol, l’équipe son sera wallonne tandis que l’ensemble de la post-production (hors montage image) sera réparti entre la Wallonie et Bruxelles. Le public belge francophone découvrira cette friandise acidulée en exclusivité sur RTL en décembre 2024

Plus académique (quoique), la deuxième saison de Marie-Antoinette nous été présentée par Beside Productions. Cette série historique en anglais de 8 X 52 minutes a cartonné à l’international l’an dernier et prendra ici un tour plus spectaculaire puisque le pouvoir royal est mis en danger par la précarité des autochtones. On sent que la Révolution approche. Spoiler pour ceux qui ont zappé le cours d’histoire : ce sera le sujet principal de la saison 3. Ici, encore, tout sera tourné en France, en partie studio à Bry-sur-Marne. L’équipe de tournage comptera deux techniciens, mais c’est en postproduction que les dépenses wallonnes sont les plus importantes avec 900.000 euros répartis entre différentes sociétés wallonnes d’effets spéciaux, tandis que Bardaf s’occupera du travail du son et l’Équipe Wallonie des sous-titres.

Quatre longs métrages en coproduction

L’Italie est devenue un partenaire régulier de la Wallonie et cette session ne fait pas exception à la règle avec deux projets transalpins qui rejoignent notre line-up. Présenté par Potemkino, Volare !, de Pier Paolo Paganellio est un conte fantastique qu’on pourrait qualifier de burtonien. Le tournage 100 % italien durera 35 jours avec les acrobates de la troupe du cirque Tempo d’Eole (Jauchelette) et une poignée d’acteurs de chez nous. L’équipe son sera wallonne ainsi que le superviseur VFX. Le gros des dépenses est localisé en postproduction avec des effets spéciaux chez The Pack Wallonie à Mons, la postproduction image chez l’Équipe Wallonie et la postproduction son chez Genval-les-Dames.

Quand on évoque les coproductions italiennes, on pense évidemment à Tarantula. Le récent Festival de Venise nous a encore démontré la popularité de Joseph Rouschop dans la Péninsule, d’autant que sa coproduction en compétition, Io Capitano, s’est adjugé deux prix majeurs, une dizaine de récompenses annexes, représentera l’Italie aux Oscars et a réalisé un démarrage tonitruant au box-office local. The Great Ambition s’inscrit dans cette tendance de films sociaux et politiques et nous plongera dans les années 70 alors que le Parti communiste italien talonne la démocratie chrétienne. Un parti de gauche radicale va-t-il se retrouver au pouvoir en Europe en pleine guerre froide ? C’est possible, mais alors qu’Enrico Berlinguer s’émancipe du modèle soviétique et propose une coalition nationale, Aldo Mauro est enlevé par les Brigades Rouges. Le tournage aura lieu en Italie et en Bulgarie avec quatre techniciens wallons dont le chef opérateur Benoit Dervaux. Comme souvent dans ces configurations, c’est Franco Piscopo qui assurera le mixage sonore chez Mute and solo, tandis que Genval-les-Dames s’occupera du doublage, Benuts des VFX, Bardaf de l’étalonnage et du labo numérique.

Il y a quelques années, Wallimage avait cofinancé Skinwalker, le premier long métrage de Christian Neuman. Ce sera aussi le cas de Stargazer, son nouveau thriller fantastique initié au Luxembourg et présenté par Beluga Tree. La spécificité de ce film très lynchien est que, malgré son caractère anglo-saxon, il sera essentiellement tourné dans la région de Verviers (15 jours sur les 20 localisés en Région wallonne). Pascal Degrune réalise le storyboard et 33 techniciens wallons s’occuperont des SFX, de la décoration, du département électrique, des costumes, mais aussi de l’indispensable cantine. En plus de quelques seconds rôles et figurants. La Postproduction son et le laboratoire images seront assurés par Bardaf.

Pour sauver sa famille ruinée, Zara, une jeune Rom de 15 ans va être vendue au marché des épouses. Sa sœur Adela (12 ans) virtuose du skate, veut gagner une compétition pour racheter sa sœur avec la récompense. Le scénario poignant de Skateboarding is not for girls a déjà récolté quelques prix et c’est bien mérité. Son tournage sous la houlette de Dina Duma promet tout autant, car le premier long métrage de la réalisatrice a été sélectionné dans plus de 50 festivals et fut le 1er film macédonien acheté par Netflix en 2021. C’est Entre Chien et Loup « new look » (Sébastien Delloye en solo) qui nous amène ce projet mené en collaboration avec la Macédoine, la Croatie et la Slovénie. Les dépenses wallonnes sont limitées, mais représentent un quart du budget total grâce à une dream team : Benoît Dervaux à l’image (avec sa team), Elsa Rhulmann au son, Thomas Gauder au mixage (Bardaf), Marie-Hélène Dozo au montage et Philippe Van Leer au bruitage (Genval-les-Dames). Près de 50 % des dépenses wallonnes sont des dépenses en personnel.

Made in Belgium

Cette session nous a aussi permis de cofinancer trois projets initiés en Belgique, un long métrage de fiction et deux documentaires pour la télévision.

Reflet dans un diamant mort est le quatrième long métrage des réalisateurs franco-belges, Cattet et Forzani. C’est aussi la première production déléguée de Kozak Films piloté par Pierre Foulon, connu jusqu’ici comme directeur de production. Avec ses 1.200 plans en 16 mm, le tournage promet d’être assez dingue d’autant que Kozak a réussi à le doter d’un budget bien plus conséquent que les précédents films des réalisateurs. Le tournage passera deux jours en Wallonie, mais voyagera à l’étranger pendant 38 jours. Sept19 techniciens, des SFX, de la location d’accessoires et costumes, d’une caméra chez TSF et une cantine assureront la présence wallonne sur le tournage tandis qu’en postproduction, la gestion des rushes, le travail du son et de l’image ainsi que les VFX (chez Benuts) seront localisés en Wallonie.

Réalisé par Quentin Noirfalisse et Jérémy Parotte, Après la pluie est un documentaire de 70 minutes qui revient sur les inondations qui ont frappé la vallée de la Vesdre en 2021. Les films de la passerelle ont décidé d’épauler Dancing Dog, la société de production du réalisateur, pour lui permettre de se concentrer sur son sujet. Vingt jours de tournage sont prévus à Verviers (la ville phare de cette session) et dans les environs. Soit un sujet wallon, des équipes de production et un réalisateur du cru, de la location son et un montage images chez Cetemi, un montage et mixage son chez Stand up (Juprelle), mastering chez Genval-les-Dames. Difficile de faire plus régional.

On s’en approche néanmoins avec le dernier projet retenu. Pauvreté infantile, amené par Prod à la demande, est réalisé par Clément Leenhardt et se focalisera sur ce triste phénomène qui frappe aujourd’hui durement la Belgique francophone. Comment tente-t-on d’y remédier ? Quelles sont les structures mises en place ? Comment les enfants vivent-ils cette différence ? Ce documentaire de 52 minutes sera diffusé en décembre 2023 par la RTBF dans le cadre de Viva for life et suivi d’un débat. 14 jours de tournage (sur 20) sont localisés en Wallonie, à Liège, Charleroi, Ottignies et Verviers tandis que l’équipe sera complétée par Raphaël Van Sitteren à l’image, Sophie Huyvaert au montage et Guillaume Marique et Benjamin Dontaine à la postprodction chez Dame Blanche Genval.

Le dépôt de la prochaine session est programmé pour le 16 novembre. Ce sera, bien sûr, la dernière de cette année intense qui aura atomisé tous les records de dossiers présentés au fonds wallons.