Session 118 : 10 nouveaux projets de tous formats et de tous horizons

Le Conseil décentralisé des coproductions de Wallimage, réuni le jeudi 22 février 2024 sous la présidence de Virginie Vandeputte a décidé de cofinancer dix œuvres présentées dans le cadre de la première session de 2024, la 118e de l’histoire de Wallimage. Cette sélection drastique comprend trois longs métrages de fiction initiés en France, au Québec et en Italie, trois séries de fiction, un documentaire belge et trois œuvres d’animation, deux séries et un long métrage.

 

Trois longs métrages

Malgré son titre en anglais, The thing that hurts est le nouveau long métrage d’Arnaud Desplechin. Après Annette de Leos Carax et La Tête dans les étoiles,deux films soutenus par Wallimage, il s’agit d’une 3e collaboration de Wrong Men avec la société de Charles Gilibert. Doté d’un époustouflant casting international, ce drame conte la rencontre, à la mort d’une célèbre psychothérapeute américaine installée à Paris, de quelques-uns de ses patients qui vont se confier sur leur relation avec la défunte. 30 jours sur 35 seront filmés à Bruxelles, quelques extérieurs étant tournés à Paris. 15 techniciens wallons se retrouveront dans cette aventure parmi lesquels une solide équipe son. Les autres dépenses notables sont concentrées sur la location de matériel, une indispensable cantine, la postproduction son et images et quelques VFX chez MPC. Objectif : Cannes 2025 !

Si Benoit Roland est un grand habitué de nos sessions, il n’en est pas de même de la jeune société de production Écho Bravo, basée à Temploux, dans le Namurois. Petite Rose est le premier long métrage en coproduction amené chez Wallimage par Etienne et Benoit Hansez qui ont longuement discuté avec le staff de Wallimage en amont du dépôt pour se conformer le mieux possible au profil attendu par le fonds. Mission accomplie : Ce film sensible et puissant est écrit et réalisé par Geneviève Dulude-De Celles. Une Colonie, son premier long métrage, s’est illustré dans plus de 50 festivals internationaux et a récolté un Ours de cristal à la Berlinale en 2019. Les dépenses wallonnes portent sur 4 techniciens sur le plateau, de la postproduction son chez Bardaf, et de la postproduction image. Un début en douceur, annonciateur d’autres projets tout aussi intéressants et d’une ouverture intéressante vers le Québec.

 

Si Écho Bravo puise ses projets Canada, quelques producteurs se spécialisent dans des séries ou longs métrages français ou allemands. Joseph Rouschop, lui, est devenu le relais wallon préféré des producteurs italiens avec qui il multiplie les collaborations prestigieuses qui lui valent chaque année des prix aux Donatello locaux. Pour Il Nibio, il retrouve Alessandro Tonda et Notorious Pictures, respectivement réalisateur et producteur de The Shift pour un thriller politique basé sur une histoire vraie. Nous sommes en 2005 et Giuliana Sgren, une journaliste de Il Manifesto, est kidnappée en Irak. Nicola Calipari (nom de code : Il Nibbio), agent des services de renseignements italiens, va tout tenter pour qu’elle retrouve la liberté. Pour remplacer le chef opérateur de the Shift, Benoit Dervaux, réquisitionné pour le prochain film des frères Dardenne (tournage cet été), Tarantula lance dans le grand bain de la fiction internationale le Wallon Bruno Degrave qui a fait ses classes dans le film d’entreprise, le docu, les séries et films télé et est aujourd’hui prêt à se frotter aux plus grands. 15 jours de tournage à Rome et 18 au Maroc occuperont 5 techniciens wallons, mais l’essentiel des dépenses se concentre comme souvent dans ce type de coproduction sur la postproduction son (Bardaf, Cob, Mute and solo) et image, avec quelques effets spéciaux qui seront réalisés chez Benuts

 

Trois séries

On reste dans le thriller politique avec Kabul, série de six épisodes de 52 minutes, initiés en France, par deux scénaristes qui ont participé aux séries Tapie et Baron noir, mais aussi au film Tirailleurs. Des artistes d’expérience, donc, ce qui n’est pas un luxe quand on veut raconter de manière kaléidoscopique un événement aussi récent que la prise de Kaboul par les talibans et plus spécifiquement les réactions occidentales à cet assaut. Kasia Adamik et Olga Chajdas, deux réalisatrices polonaises sont aux manettes de ce projet essentiellement tourné en… Grèce : la ville et l’aéroport de Kaboul seront filmés à Athènes. Le bruitage se fera chez Dame Blanche, le montage et le mixage son chez Bardaf et 50 % des imposants VFX seront réalisés chez L’autre compagnie à La Hulpe. En Belgique, c’est Panache et La Compagnie Cinématographique qui coproduisent ce projet d’envergure internationale impliquant France TV, la ZDF et la Rai, réunis au sein de l’Alliance, un projet paneuropéen.

C’est aussi sur France TV que sera diffusée la saison 4 des Invisibles, série policière française de 6X52 minutes. Contrairement à la saison 3, déjà financée par Wallimage, c’est Sequel prod qui nous a amené cette nouvelle salve avec 20 jours en Wallonie, 25 à Bruxelles et 1 en France. L’équipe son, les chefs électro et machino, la location chez KGS, la Cantine chez Auguste Traiteur et le montage et mixage son à l’Équipe Wallonie, représentent l’essentiel des dépenses assez consistantes.

Cette session marque le retour en force des séries avec last but not least, The Dinosaur Club, une série fantastique young adults de 6X45’ signée par Lutz Heineking Jr, le réalisateur de The Peacock déjà coproduit par Frakas et soutenu par Wallimage. Dans la mouvance d’un Stranger Things, cette série embarque quelques ados dans une drôle de mutation (le titre est un indice). 30 jours de tournage sur 61 seront wallons. La location du matériel de prise de vue, de machinerie et d’électro se fera chez TSF et le catering régional nourrira 12 techniciens du cru… et leurs acolytes belges et allemands. La post-production se fera chez Bardaf et les VFX, particulièrement attractifs on s’en doute, chez Benuts. Ce projet est financé en grande partie par le groupe CBS qui distribuera la série au niveau international, mais la chaîne allemande ZDF s’implique très largement dans le financement. Pour Frakas, il s’agit de la continuation de ses collaborations avec l’Allemagne commencées avec le studio MMC. C’est aussi sa plus grande participation à ce jour dans une coproduction avec nos voisins.

 

Un documentaire belge

Enfants serpents, c’est le surnom donné aux enfants nés du viol de guerre dans les régions de l’Est du Congo. Avec pudeur, Vanessa Kabwela et Idriss Gabel nous plongeront au cœur d’un orphelinat pour écouter ces enfants envisager leur vie. À part 20 jours de tournage au Congo, tout ou presque est wallon dans cette entreprise : les auteurs, les compositeurs de la BO, la production, les monteurs, l’étalonneur, le superviseur VFX numérique et le responsable de la post-producton image. Pour réussir ce tour de force, Les films de la Passerelle s’appuie sur une mini galaxie de prestataires wallons spécialisés dans le docu : Cetemi pour le matériel et le montage, Stand Up pour le montage son, Genval-les-Dames pour l’étalonnage et Planète Hollywood pour le mastering. Un exemple pour d’autres producteurs wallons émergents qui pourraient profiter de l’expérience de ces sociétés et concentrer leurs dépenses en Région wallonne.

 

Trois projets d’animations

Les aventures fantastiques de Sacré-Cœur est une série d’animation de 26 épisodes de 22 minutes en 2D, adaptée d’une série de BD éditée au Lézard noir et réalisée par Florent Heitz (Petit Poilu S2). On y plonge dans le Paris du début du XXe siècle, pour découvrir Sacré-Cœur, créateur de génie très sensible aux créatures fantastiques et aux esprits. Il mène ses enquêtes avec Abigaël, un fantôme qui a fui son château en Écosse. Pour Belvision, il s’agit d’une deuxième coproduction avec Ankama après Abraca. La production des Gardes Chimères arrivant à son terme, ce projet permettra au studio de Marcinelle de conserver son équipe 2D, un luxe, car en Belgique la chasse aux talents de l’animation est intense.

 

Gros lézard (la thématique reptilienne est très présente dans cette session) est aussi une série animée (52 épisodes de 7 minutes), mais elle s’adresse à un public plus jeune, les 4 à 7 ans. Cosima et son Papa y explorent l’espace avec leur fusée… qui tombe en panne, les clouant sur une planète qui ressemble étrangement à la terre… il y a des millions d’années. Ils y rencontrent Gros Lézard, premier animal à être sorti de l’eau. Bardaf ! Productions, le coproducteur belge, a confié l’animation de 37 épisodes au studio Waooh ! Ce projet en 3D s’appuie sur un rendu stop motion « pâte à modeler » et sera distribué par les mythiques studios Aardman (Wallace et Gromit, Chicken Run…) à travers le monde. La grande classe !

 

On termine cette longue sélection avec In Waves (notre illustration). Ce long métrage d’animation 2D, destiné à un public plus mature, à partir de 13 ans, est l’adaptation d’un roman graphique diffusé dans 10 pays et vendu à plus de 100 000 exemplaires en France seulement. Cerise sur le gâteau : le projet a reçu le prestigieux Prix Ciclic Animation au MIFA 2021 d’Annecy, récompensant le meilleur pitch de l’édition. Grâce à Taka et Panique, ce film de Phuong-Mai Nguyen (nommée aux Oscars pour un court d’animation en 2016 et réalisatrice de la série Culotées) occupera différents prestataires wallons pendant 418 jours avec notamment 308 jours chez Aromates, la nouvelle société de Bernard Devillers qui s’occupera du compositing, retouche 3D-2D, post-production son, laboratoire… Le montage son se fera au Studio l’Équipe Wallonie, le mixage chez Mute and solo, le bruitage, l’étalonnage et le mastering chez Genval-les-Dames. Enfin, l’audiodescription, la version SME et les sous-titres anglais seront réalisés chez Chambre noire.

 

La prochaine session débutera le 21 mars. Bonne nouvelle pour la Wallonie, elle s’annonce déjà chargée et intense : les producteurs devront se surpasser pour permettre à leur projet de rejoindre notre line-up.

  • 28.03.2024