Virtuellement réuni ce lundi 28 juin pour conclure la troisième session de financement de 2021, le CA de Wallimage a dû opérer des choix douloureux. Seize dossiers avaient été soumis à l’équipe d’analyse et, malgré leur très bonne qualité globale, il était obligatoire d’en écarter quelques-uns. Cruelle réalité économique.
Dix d’entre eux ont finalement été retenus pour un investissement total de 1.691.000 euros.
Parmi les lauréats, c’est sans surprise la saison 2 des Schtroumpfs new-look qui attire d’emblée l’attention. Même si les dépenses ont été mécaniquement un peu revues à la baisse, ce sont plus de deux millions d’euros qui seront investis en Région wallonne pour réaliser les 52 nouveaux épisodes de 11 minutes de cette série à succès. La diffusion de la saison 1, lancée en octobre 2020, a battu de nombreux records. Sur TF1, les 2 premiers épisodes ont atteint 52 % de parts de marché sur les 4-10 ans, soit un score inédit depuis… 2007. Une autre époque avec moins de chaînes et sans plate-forme. Une équipe de 33 personnes, dont 8 chefs de poste, est impliquée sur cette deuxième saison dont le design se fait chez Peyo Prod tandis que DreamWall se charge de 75 % de l’animation.
Dans la foulée de ce blockbuster animé, d’autres dossiers étaient également initiés en Belgique. Nous en avons retenu cinq. Soit six en tout, ce qui doit constituer un record dans les annales de Wallimage.
Produit par Entre Chien et Loup, The Perfect Boyfriend, sera le prochain long métrage de Sam Garbarski. Dans quelques années, des androïdes auront remplacé les hommes pour les tâches subalternes. Pour travailler, les gens sans qualification devront donc… se faire passer pour des robots. Le sujet est jubilatoire, superbement traité par un Thomas Gunzig en grande forme (pléonasme). Niels Schneider et Bouli Lanners incarneront deux des personnages principaux de cette comédie romantique d’anticipation qui permettra à 38 Wallons de se retrouver durant 35 jours sur le plateau à partir du mois de novembre. Benuts réalisera les effets spéciaux futuristes sur une période de quatre mois.
Le retour aux affaires de Bernard Bellefroid est une nouvelle qui nous ravit. Le réalisateur qui nous a donné La Régate et Melody revient ici aux côtés de Gaétan David (La compagnie cinématographique) pour Une des mille collines, un documentaire qui est une sorte de suite de « Rwanda, les collines parlent » devenu une référence sur le sujet. En 2021, alors que des responsables du massacre sortent de prison, Bernard se penche sur le meurtre de quatre gamins. Une manière de voir si le processus de réconciliation et la justice peuvent faire bon ménage dans un pays qui soigne lentement ses plaies. Bernard Bellefroid emmènera un ingénieur du son et un directeur de la photo en Afrique, mas le reste de l’équipe de tournage sera rwandaise. Montage, bruitage et mixage seront effectués chez Dame Blanche à Genval.
Si le documentaire est une spécialité belge, le format de la minisérie documentaire a été peu exploité jusqu’à présent. Il est pourtant ultra-populaire au niveau mondial, notamment grâce à Netflix qui s’est mis à en produire à tour de bras. Inspiré par le succès de « Soupçon » consacré à l’affaire Wesphael, RTL a choisi de cofinancer Heysel, Bloc Z, un projet en six épisodes qui retracera le drame du Heysel de ses prémices jusqu’aux procès qui ont suivi. C’est Scope pictures qui développe cet ambitieux projet que réalisera la star flamande Jan Verheyen (Het vonnis, Dossier K…) et qui est basé sur le livre de Jean-Philippe Leclaire : « Le Heysel, une tragédie européenne ». Quatorze Wallons seront impliqués sur le tournage qui sera postproduit chez Bardaf, Dame Blanche et Benuts.
Diffusées en 2020 juste avant le JT de la Une, les cinquante capsules humoristiques d’Une semaine sur deux sont encore visibles sur Auvio. On les doit à la plume de Carole Matagne et à Stéphane Quinet, hutois comme elle, qui s’est occupé de la production avec Media Services. Les acteurs se retrouveront durant cet été pour tourner 40 épisodes supplémentaires, toujours dans la région liégeoise. EyeLite, Adhoc et Bardaf sont les entreprises les plus impliquées dans la série, réalisée en binôme par Mathieu Debaty et Joachim Weissmann.
Comme la formule a plutôt bien fonctionné, la RTBF a décidé de lancer un autre projet du même acabit. C’est Koko Arrose la Culture, associé à 1080 films (le duo de Baraki) qui produit cette série de 50 épisodes de 3 minutes imaginée par Thierry De Coster. Christelle Delbrouck et Laura Fautré incarneront une mère et une fille, deux Wallonnes du terroir qui vivent dans le bistro du village, Chez Nadette. Mais malgré leur complicité, les deux femmes n’ont pas les mêmes ambitions dans la vie. Cette série comique, résolument positive, sera tournée en français bien sûr, mais aussi… en wallon. Histoire de lutter contre l’oubli des langues régionales dont on dit qu’elles auront disparu pour moitié à la fin de ce siècle. Patrimoine, humour et féminisme de bon aloi seront les mamelles de ce projet qui réunira 29 Wallons qu’on devine déjà très motivés par leurs missions respectives.
À côté de ces six initiatives majoritaires, le CA a retenu quatre coproductions. Deux sont des séries et deux autres des longs métrages. Toutes sont originaires de France, ce qui est une très bonne nouvelle tant il apparaît parfois compliqué de monter aujourd’hui des projets ambitieux entre les deux pays.
Belga sera à nouveau aux commandes belges de L’Opéra, saison 2. Raphaël Personnaz, Suzy Bemba et Ariane Labed sont les acteurs principaux de ce drame qui se déroule dans les coulisses et sur la scène de l’Opéra de Paris… en réalité filmées en Wallonie dans le château d’Ollignies et à l’Opéra de Liège pendant 65 des 96 jours de tournage. Une grande partie de l’équipe wallonne de la saison 1 est reconduite tandis que Benuts, L’Équipe Wallonie et Sonhouse s’occuperont d’une partie de la postproduction. Comme pour La saison 1, ce sont les trois fonds économiques belges qui soutiennent ce beau projet.
Benuts est aussi au centre de la postproduction d’une autre série prestigieuse : Marie-Antoinette. Ce drame historique, coproduit en Belgique par Les Gens, a été écrit par Déborah Davis nommée aux Oscars pour La Favorite et sera mis en images par Pete Travis. Il sera tourné en anglais pour une large diffusion internationale sur le modèle de Versailles, un récent triomphe de Capa Drama qu’on retrouve ici avec Banijay Studios aux commandes françaises. 700 000 euros seront dépensés chez Benuts qui avait déjà pu prouver sur Versailles son savoir-faire dans l’accroissement de foule et autres manipulations numériques pour rendre les environnements contemporains solubles dans le XVIIIe siècle.
Il y a quelques mois que Wallimage n’était plus entré dans le financement d’une « grosse » comédie française et c’est avec un certain plaisir que le CA a retenu le dossier Ducobu, Président, proposé par Umedia, d’autant que le scénario de ce quatrième volet est très drôle, du début à la fin. Aucune raison donc que le public boude ce nouvel épisode d’une saga dont les scores de fréquentation ont toujours oscillé entre 1 et 1.5 million de spectateurs. Elli Semoun qui coécrit le scénario sera à nouveau aux commandes de ce film essentiellement tourné à Bruxelles et un peu en Wallonie. De nombreuses dépenses seront effectuées à l’Équipe Wallonie, chez Cob Studio, Bardaf ou TSF tandis que les effets spéciaux seront également réalisés en Wallonie. Comme des conditions de remontées de recettes exceptionnelles ont été accordées à Wallimage, l’enthousiasme autour de ce projet est palpable.
Dans un tout autre genre, Jour 37 est devenu une coproduction belge grâce à Gapbusters qui permettra à la société carolo Level 9 de jouer avec le feu dans les pinèdes d’Aquitaine. Un énorme budget pour un travail assez hallucinant puisque presque tout ce film catastrophe au casting formidable (Alex Lutz et André Dussollier) se déroule au cœur d’un incendie de forêt dévastateur. Mikros Liège complètera d’ailleurs ce travail par une intervention en postproduction qui mettra aussi à l’honneur Cob Studio, Bardaf et l’Équipe Wallonie qui s’offre un joli come-back dans plusieurs dossiers. De nouveaux projets de collaboration sans doute dus aux investissements volontaristes menés à Rosières par Guy Manas. Il est à noter que pour ce projet aussi, le couloir d’accès aux recettes accordé au fonds par les producteurs a eu une importance décisive dans le choix final…
Le dépôt de la prochaine session est prévu pour le JEUDI 16 septembre à 17 heures. Car oui, dorénavant, les dépôts se feront le jeudi pour nous permettre de les valider dès le vendredi et de déjà en débuter l’analyse pendant le premier week-end.