Plus encore qu’à Paris, le drame conjugal Une séparation est pointé comme le grandissime favori dans cette catégorie qui s’appelle ici “meilleur film en langue étrangère”. Mais la stupéfiante percée opérée dans les médias américains par Bullhead inquiète sérieusement le clan iranien. Il faut dire que la campagne menée par les producteurs belges, puis par les distributeurs américains de Tête de Bœuf tient du génie: participation à des festivals ciblés qui ont couronné le film, sortie en salles anticipée pour tenter d’influencer les votants et, au bout du compte, un accueil de la presse tout simplement dithyrambique. Un exemple (parmi d’autres)? Voyez le L.A. Times qui se fend d’une critique plus qu’enthousiaste.
“Bullhead”, peut-on y lire “is an intense, shattering film, a confident and accomplished, punch-in-the-gut debut by Belgian writer-director Michael R. Roskam that starts out like a thriller and turns into a disturbing tragedy in an unlikely and unexpected key.”
La 84e cérémonie des Oscars aura lieu ce dimanche 26 février, à L.A., 19h30, heure locale. C’est dire que nous devrons veiller tard pour découvrir si les 5 800 membres de l’Académie du cinéma, issus de toutes les professions du monde du cinéma hollywoodien ont plutôt orienté leur vote vers un bœuf aux hormones que vers un couple qui se déchire.
Pour ne pas lutter seul contre le sommeil, Flagey propose dimanche une Oscar Night de prestige avec des animations, un concert et bien sûr une retransmission en direct et sur grand écran de la cérémonie. Dans l’esprit de tous, cette question lancinante : Rundskop sera-t-il le premier film belge à décrocher un Oscar?
Il n’est en tous cas que le 6e à concourir le soir de la remise des prix. Ses glorieux prédécesseurs s’appellent Paix sur les champs de Jacques Boigelot (1970), Le maître de musique de Gérard Corbiau (1988); Daens de Stijn Coninx (1992); Farinelli de Gérard Corbiau encore (1994) et Iedereen beroemd de Dominique Deruddere en 2000.
Quoi qu’il en soit, l’histoire de Rundskop est stupéfiante. Qui aurait imaginé que ce petit drame très noir arrivé sur la pointe des pieds en janvier 2011 serait, un an plus tard, nominé aux Oscars? Entre-temps, il a été vu par près d’un demi-million de Belges, a dominé les Vlaamse Filmprijzen, a remporté quatre Magritte, a glané des prix dans les festivals les plus variés à travers le monde, est déjà sorti aux États-Unis et en France avec la bénédiction des critiques, et a fait de Matthias Schoenaerts une star internationale et de Michael R. Roskam un des metteurs en scène les plus attendus de la décennie….
Cette formidable histoire pourrait se terminer en apothéose dimanche à Hollywood, là où les légendes naissent…