95e session : Bouli en Écosse, des Ovnis en Wallonie, Toto en chair et en os.

  • 10.07.2019

À l’issue de la troisième session de 2019, le CA de Wallimage a décidé de cofinancer neuf productions, de toutes tailles, de tous formats, allant du documentaire animalier à la série de prestige, en passant par quelques longs métrages aux ambitions très diverses.

Point d’orgue de cette sélection, le nouveau film de Bouli Lanners dont le comédien liégeois partagera la mise en scène avec le flamand Tim Mielants, habitué des séries anglo-saxonnes comme Peaky Blinders, The Terror, The tunnel ou Legion.

 

BOULI EN ANGLAIS

Avec Wise Blood, Bouli s’aventure sur l’île de Lewis à l’ouest de l’Écosse où il a planté le décor d’un poignant mélodrame qu’il a écrit là-bas, au bord de l’Océan déchaîné. Fasciné par le rôle qu’il a créé, il a décidé de l’endosser pour donner la réplique à la Britannique Gina Mc Kee. Un défi puisqu’il devra jouer en anglais ! Une équipe de 27 personnes dont 17 chefs de poste accompagnera Versus dans cette aventure. Le matériel sera loué chez TSF et Karaboutcha et, excellente nouvelle : toute la post prod sera Wallonne ! Le travail du son sera assuré par Bardaf tandis que le bruitage se fera chez COB. L’image sera confiée à Mikros pour le laboratoire ainsi que les génériques et les VFX. Grand chelem donc pour le Pôle image liégeois.

 

Wallimage cofinançait déjà la série animée tirée des bandes dessinées Toto. Le fonds wallon fait coup double en soutenant Frakas et Bidibull sur une comédie familiale live, également inspirée des personnages et péripéties imaginés par Thierry Coppée.  Les 22 jours de tournage wallon se répartiront entre Seneffe, Mons et Arlon. 26 Wallons participeront à l’aventure pendant 38 jours. La location de matériel se fera chez TSF, Macadam Car s’occupera des loges, la cantine sera assurée par Auguste Traiteur tandis que Benuts gérera des VFX. Avec un excellent casting composé d’enfants, mais aussi de Guillaume de Tonquedec, Anne Marivin, Ramzy ou Daniel Prévost, Toto devrait être une des très grosses sorties de 2020 en France, portant tous les espoirs de SND et M6, bien décidés à en faire un énorme succès.

 

Connaissez-vous la fille de Karl Marx? À la mort de son célébrissime père, elle a vaillamment tenté de reprendre le flambeau, ajoutant au discours communiste une démarche féministe très en avance sur son temps. Dans le privé par contre, la demoiselle est amoureuse d’un boulet, un peu goujat, très profiteur, qui l’empêche clairement de s’épanouir. C’est cette histoire d’émancipation contrariée que se propose de nous narrer Susana Nicchiarelli, réalisatrice du très convaincant Nico 88, déjà cofinancé par Wallimage. L’équipe formée autour de ce Mrs Marx est en fait un copié -collé de celle qui a assuré la réussite du précédent projet avec une coproduction Vivo-Tarantula et 34 Wallons dont 8 chefs de poste engagés sur un tournage qui fera halte durant 18 jours en Wallonie. La location sera wallonne avec Eye-Lite, KGS ou TSF et Macadamcar. À toutes faims utiles s’occupera de la cantine tandis que Mute and solo sera à nouveau convié au montage et le mixage son. Pas étonnant puisque le travail de la filière sur Nico 88 avait été couronné d’un Donatello en 2018.

 

Tarantula fait d’ailleurs coup double à cette session avec un autre projet historique. Ostende 1936 est le nouveau long métrage du réalisateur allemand Uli Edel (Moi, Christiane F, Last Exit to Brooklyn, la bande à Baader,…). L’anecdote est peu connue, mais à cette époque, une série d’intellectuels juifs se retrouvent sur la côte belge et envisagent ensemble leur avenir, mais aussi celui de l’Allemagne et de son peuple. Ils écrivent, s’aiment, se déchirent, mais sont bien obligés de constater leur impuissance, car pendant ce temps-là, la situation se dégrade un peu partout en Europe. 8 jours de tournage sont prévus à Spa, 15 autres à Ostende et 7 en studio en Allemagne (Aix-la-Chapelle). 38 techniciens dont 7 chefs de poste officieront à des degrés divers sur le film, Iris Soldani s’occupera de la cantine, Macadam Car, des loges et Benuts des VFX.

 

HITLER ET DES OVNIS EN SERIES

 

Deux séries sont également au menu de cette session. Des séries très différentes dans leur propos et leur budget.

Comme Albatross (tournage en cours), Een goed jaar est un projet flamand, initié cette fois par Mockinbird, qui se tournera également en Wallonie. Et pour cause ! Un Flamand désargenté hérite d’une demeure près de Bruly de Pesche, endroit où subsiste un bunker dans lequel se terra Hitler. La bâtisse est hélas soumise à des frais de succession exorbitants que l’héritier ne peut payer. Décidé à faire main basse sur les richesses abandonnées dans la maison, il ne déniche qu’une caisse de bouteilles de vin datant de 1935 dans une pièce cachée au fond des caves. De là à les faire passer pour une propriété d’Hitler, il n’y a qu’un pas qu’il franchit sous l’impulsion d’un comparse aussi malhonnête que maladroit. 34 jours de tournage sont localisés en Ardennes, 21 personnes dont 6 chefs de poste seront à pied d’œuvre tandis que des sociétés audiovisuelles wallonnes travailleront sur le bruitage, le montage, le mixage son et la cantine. Toute la location de matériel sera également wallonne.

 

Initié en France par Montebello, OVNI-S est coproduit en Belgique par Be-Films et sera d’abord programmé sur Canal Plus France qui s’occupe des ventes internationales. Si le budget est conséquent et les dépenses wallonnes très impressionnantes, c’est surtout que la série nous plonge en 1979 en pleine vague d’observation d’Ovnis. Puni par sa hiérarchie pour le lancement raté d’une fusée à Kourou, Didier, qui est la rationalité incarnée, est envoyé sur le terrain pour enquêter avec les geeks du Gepan. L’occasion pour lui de découvrir un univers déroutant et haut en couleurs. Melvil Poupaud, Alice Taglioni, Nicole Garcia et Michel Vuillermoz sont les acteurs principaux de cette série mise en scène par l’excellent Antony Cordier (Happy Few). Tout le tournage (minus deux jours) sera belge avec 55 jours en Région wallonne. 23 Wallons seront aux côtés de François Dubois, dont 7 chefs de poste. La location s’opérera chez TSF tandis que TOUS les VFX de la série seront signés Benuts ce qui représente 750 jours/hommes de travail.

 

TROIS DOCUMENTAIRES, UN RECORD!

 

Trois documentaires viennent compléter le line-up de cette éclectique session.

Proposé par Les Gens et réalisé par Tristan Boulard, Les enfants de la collaboration sera diffusé en prime time sur la RTBF. Et on devrait en parler beaucoup. Il s’agit de l’adaptation en Wallonie et à Bruxelles d’une série documentaire qui a eu énormément de succès en Flandre. On y évoque la collaboration belge au régime nazi par le biais des témoignages des enfants et petits enfants des collabos. Le pilote déjà disponible est un teaser passionnant, tout en contrastes, reposant sur des confidences pour le moins interpellantes, des images d’archives et… de l’animation. Ces séquences très stylisées seront réalisées par Zest studio, une nouvelle structure implantée à Genval et spécialisée dans la production d’animations très artistiques pour les documentaires. Un joli positionnement de niche qui fait mouche puisqu’on retrouve Zest sur un autre projet : Game of Truth.

 

Game of Truth, justement, est produit par Domino et nous plonge en Irlande à l’époque où les troubles meurtriers opposent les locaux aux Anglais, les protestants aux catholiques. Plusieurs décennies plus tard, force est de constater que beaucoup d’Irlandais qui ont perdu des proches sont toujours dans l’ignorance de ce qui s’est réellement passé. C’est sur ce terreau que Fabienne Lips Dumas va enquêter en développant l’hypothèse que les services secrets anglais étaient infiltrés dans tous les camps qui s’affrontaient. À travers quelques destins brisés, la journaliste expliquera le double jeu des autorités qui se concrétise aujourd’hui par une rétention d’informations absolue. Zest travaillera pendant plusieurs mois sur l’animation et les VFX de ce projet. Comme pour le docu précédent, c’est Dame Blanche Genval qui s’occupera des postprod image et son.

 

Le dernier dossier retenu lors de cette session est un film qui explorera le biotope wallon. Wallonie sauvage nous démontrera que la faune dans notre région ne se limite pas aux corneilles, aux pies et aux rats comme le croient trop souvent les citadins. Réalisé par Robert Henno et Jean-Christophe Grignard, deux spécialistes du genre, très complémentaires, Wallonie sauvage promet des images saisissantes, captées patiemment (c’est le terme adéquat) pendant plus d’un an et demi dans les coins et recoins wallons. En cofinançant Wallonie Sauvage, Wallimage entend aider à professionnaliser des structures de production très compétentes dans un secteur, le documentaire animalier, qui ne compte pas encore de figure de proue chez nous. Longue vie donc à Art Ocean SPRL et Into the wild.