Notre bilan 2019 a attiré l’attention de la profession sur un phénomène assez inattendu : le nombre de projets destinés à la télévision qui furent soutenus l’an dernier par Wallimage équivalait presque à celui des films conçus pour une exploitation en salles. 49% d’un côté, 51% de l’autre. Une surprise puisque, l’année précédente encore, le rapport entre les deux médias, penchait nettement en faveur du cinéma (78/22). S’agissait-il d’un feu de paille ? C’est peu probable, car cette tendance s’amplifie radicalement à l’occasion de la première session de financement de cette année 2020, la 20e du fonds.
Plus de la moitié des dossiers déposés à cette session étaient des dossiers relatifs à la télé et sur les cinq projets retenus par le conseil d’administration, quatre sont destinés à une exploitation principale en télévision. En deux ans, l’équilibre entre les médias semble donc s’être totalement inversé.
Qui dit télévision dit séries et celles-ci sont les reines de ce début 2020.
Produite par Artemis et soutenue par le fonds des séries de la RTBF et de la fédération Wallonie-Bruxelles, Pandore raconte l’histoire d’une juge qui, enquêtant sur une vaste corruption, voit apparaître le nom de son père, un politicien influent. Un jeune loup ambitieux profitera-t-il de l’occasion pour tenter de prendre les rênes de son parti ?
Grande satisfaction, Pandore est écrite par un trio de femmes très talentueuses. Savina Dellicour et Vania Leturq la réaliseront d‘ailleurs tandis qu’Anne Coesens en incarnera le personnage principal aux côtés de Laurent Capelutto et de Salomé Richard.
Le tournage s’attardera 9 jours en Wallonie tandis que onze Wallons feront partie de l’équipe. La cantine, la fabrication du générique, le sous-titrage chez Babel sub, la postsynchro et le mix final chez Bardaf représentent quelques excellentes dépenses wallonnes de ce dossier.
Mini-série en trois épisodes de 50 minutes qui sera d’abord diffusée par Arte, La Corde repose sur un pitch aussi formidable qu’intrigant : alors que la station scientifique dans laquelle ils travaillent, vient de recevoir les crédits qu’elle attend depuis des années, plusieurs de ses responsables se mettent en tête de suivre une mystérieuse corde qui se perd dans la forêt et ne semble pas avoir de fin.
Alors que ce thriller métaphysique se déroule dans le nord de la Norvège, son tournage sera 100% wallon. C’est une fois encore la station de Lessive qui a attiré la production française qui va l’investir pendant plus d‘un mois pour en faire son décor principal. Le reste de l’action sera essentiellement filmée dans les bois, dans la région de Rochefort.
Les acteurs (Grégory Gadebois, Dominique Blanc…) seront pour la plupart français, mais 38 Wallons dont 8 chefs de poste les épauleront sur le plateau. La location du matériel se fera chez TSF.be, ALVM et Macadamcar tandis que les SFX Météo seront signés par Level 9, une nouvelle société implantée à Charleroi par des techniciens qui officiaient autour d’Olivier de Laveleye. Une partie de la postproduction son sera effectuée chez Bardaf et Dame Blanche. Tout cela grâce à Versus qui, après Fertile Crescent, récidive dans le même créneau avec un nouveau dossier en béton.
Belga dont l’ADN cinématographique n’est plus à démontrer, nous a également amené une série française. L’Opéra est censé se dérouler à Paris, mais il sera essentiellement filmé dans le château d’Ollignies qui figurera les coulisses du célèbre établissement. Les ballets seront, eux, filmés à l’Opéra de Liège.
20 Wallons participeront à ce tournage, formant notamment une équipe déco déjà à pied d’œuvre depuis deux mois. La cantine chez Anne et Fred Catering plus les VFX et le générique chez Benuts complètent les dépenses wallonnes.
La série, destinée à OCS qui la finance en grande partie, réunira Arianne Labed, Raphaël Personnaz et Suzy Bemba pour narrer les ambitions, les déceptions, les intrigues, les manipulations qui peuplent les coulisses de l’Opéra, un monde à part, définitivement.
Qui dit télévision, dit aussi documentaires, et on sait évidemment que Les films de La Passerelle sont, en Wallonie, les grands spécialistes du genre. Les Yeux Ouverts sera signé par Agnès Lejeune et Gaëlle Hardy, duo qui nous a donné Au bonheur des dames. Les deux réalisatrices s’attaquent ici à un sujet extrêmement compliqué puisque ce sont des personnes désireuses de se faire euthanasier qu’elles ont suivies dans leurs démarches auprès des médecins et les discutions qui s’en suivent entre praticiens. Les premières images que nous avons vues promettent un document hors norme qui fera date sur une problématique sociétale au cœur de nombreux débats passionnés.
Comme d’habitude avec La Passerelle, la plupart des dépenses seront wallonnes avec 16 personnes sur le pont et des interventions techniques de Aware, Cetemi, Stand up, Eye-Lite et Babel Sub.
L’unique long métrage de cinéma retenu par le CA de Wallimage lors de cette session est The Deep House, qui viendra agréablement renforcer notre catalogue de films de genre, Fantastic Wallonia. Coproduit chez nous par Umedia, il sera quasi intégralement tourné dans le studio aquatique de Lites à Vilvoorde. Un pari très osé, initié par Julien Maury et Alexandre Bustillo, réalisateurs de Kandisha (un autre film cofinancé par Wallimage).
On y suivra un couple de plongeurs passionnés par l’urbex, qui décide d’explorer une maison engloutie au fond d’un lac. Une bien mauvaise idée, car l’impressionnante demeure va rapidement se révéler un endroit de jeu très inhospitalier.
Quatre jours de tournage sont prévus en Wallonie en extérieur dans la carrière de la Gombe tandis qu’une équipe de 14 personnes, dont 5 chefs de poste sera à pied d’œuvre. TSF, Pile Poil et Macadam car seront sollicités pour la location, A toutes faims utiles pour le catering, Bardaf pour la postprod son, la Baraque à film pour le montage image et Dame Blanche Genval pour l’étalonnage, les rushes, la conformation et les sous-titrages.
Il est à noter que pour la première fois depuis longtemps, le CA de Wallimage a décidé de ne pas investir tout l’argent disponible pour la session. Les quatre prochaines échéances seront donc plus richement dotées, ce qui constitue incontestablement une excellente nouvelle pour les producteurs qui ont des projets à nous soumettre en mars, en juin, en septembre ou en novembre.
Les deux photos d’illustration publiées sur ce site sont extraites du pilote de Pandore – copyright Artemis