Des décors de cinéma plus réalistes, moins chers, plus écologiques ?

  • 28.04.2016

La filière a bien sûr ses limites : il est compliqué de garantir des stocks, on peut aussi manquer parfois d’informations sur l’origine de certains éléments, mais il existe des matériaux très courants auxquels on peut recourir facilement, dont l’approvisionnement n’est pas un problème, et qui ne présentent au final aucun danger. Les briques, les pavés, les klinkers font partie de ces matériaux privilégiés. Ils sont pourtant loin d’être les seuls qui sont mis en avant par Rotor.

Outre son travail de récupération, Rotor a aussi développé un volet « exposition », et surtout un département « recherche » pour voir en quelle mesure son action est implémentable au niveau politique… Dans ce cadre, les membres de Rotor examinent ce qui se fait déjà à l’étranger. En Angleterre, un organisme appelé Scenery Salvage s’occupe du recyclage de décors de théâtre et de cinéma. Aux États-Unis, le groupe the ’reuse people’ of America qui a servi d’inspiration pour Rotor a un jour récupéré 2000 tonnes de bois issus du tournage de The Matrix.

Rotor aimerait imiter cette démarche. C’est en tous cas un des objectifs d’Aude-Line Dulière, qui nous a parlé de ce projet lors d’une rencontre organisée par l’ACA. Elle a travaillé comme assistante-déco dans le cinéma et aimerait amener les décorateurs à s’intéresser à cette filière.

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Pour l’instant, le cinéma produit en effet une certaine quantité de matériaux qui aboutit d’une manière ou d’une autre dans les décharges. Une étude du VAF a établi qu’une trentaine de pour cent de l’impact écologique d’un film vient de ce département. C’est le deuxième secteur le plus polluant. Or, si en termes de transports, des efforts ont été réalisés pour faire baisser l’impact de 40 à 20%, ce n’est pas le cas de la déco. Il y a donc du travail à faire.

Rotor a déjà mené des partenariats avec le monde du cinéma en mettant à la disposition des tournages du matériel récupéré dans le démantèlement de bâtiments. Ces matériaux sont essentiellement de deux types.
Dans le stock Rotor, Il y certains éléments d’exception, issus de l’imagination de célèbres designers belges comme l’escalier de Jules Wabbes récupéré dans les anciens bâtiment de Fortis près du parc Royal, ou des pièces de Christophe Gevers,… Certains éléments improbables et insolites aussi, comme ces six tables de dissection trouvées à l’université de Gand et qui datent de 1960.

Mais l’essentiel des pièces disponibles est composé de matériel générique, récent, en grandes quantités. Ces éléments n’auraient pas été récupérés par les entreprises de démolition, car le traitement soigneux de ces matériaux prendrait trop de temps et n’est pas compatible avec leur mode de fonctionnement et leur modèle économique.

L’autre problème qui reste essentiel est le coût de stock. Il est parfois plus élevé que la matière réelle. C’est le souci principal rencontré par toutes les initiatives du genre. Si vous mettez longtemps à écouler des éléments récupérés et stockés avec soin, le prix de vente est finalement inférieur au coût réel de l’opération. C’est surtout évident pour ces éléments génériques qui constituent la partie la plus importante du stock.

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Lorsque Rotor démantèle des bureaux, par exemple, il récupère des tas de cloisons identiques qui peuvent être réassemblées facilement. Ce sont des matériaux relativement modernes, disponibles en grande quantité qui donnent au décor un cachet d’authenticité. Les reconstruire à partir de rien serait long et vain. Rotor dispose aussi de quincaillerie moderne, des luminaires, des interrupteurs, des poignées de porte, toutes choses idéales pour les décors contemporains ou presque. Toutes ces choses que les antiquaires n’auront pas ou en plus petites quantités et qu’il est inutile d’acheter neuves en magasin, surtout si ce n’est pour les utiliser qu’une fois et uniquement, en apparence, comme valeur cosmétique.

L’industrie du cinéma compte déjà une forme de filière informelle de recyclage : les équipes s’organisent spontanément, louent un maximum, revendent aussi et recyclent un peu. Cependant on voit toujours beaucoup de matériaux terminer dans les containers. Rotor peut aussi récupérer ces matériaux. Une démarche encore difficile à cause des problèmes de droit d’auteurs liés à la conception des décors, aux matières toxiques ou au coût de stock.

Le stock de Rotor Déconstruction est important, mais les professionnels du cinéma découvriront d’autres adresses qui les aideront à travailler avec des matériaux de réemploi sur le site d’Opalis, une autre initiative de Rotor.
Le cinéma belge peut-il à son tour profiter de cette filière innovante et plus écologique ?

Pour plus d’infos, n’hésitez pas à vous rendre sur le site internet de Rotor ICI