Genval, la dame enchantée

  • 13.05.2011

Jusqu’ici l’immense majorité des longs métrages produits en Europe se contentait du standard 2K. Nous vous proposerons bientôt un dossier complet sur la postproduction numérique, autour de Bye Bye Blondie, qui vous permettra de comprendre toutes les subtilités de ces opérations méconnues, mais sans entrer encore dans les détails techniques, on peut dire que le travail accompli ici est un grand pas en avant dans la recherche de la perfection. Concrètement, cette exigence implique que chaque image en 4K fait 10 millions de pixels et pèse 40 Mb, contre 3 millions « seulement » pour les images scannées en 2K. Du coup on arrive aujourd’hui à traduire toutes les nuances de la pellicule classique. Avec l’immense avantage qu’il est ensuite possible de retravailler chaque image par ordinateur, avec une précision chirurgicale.

Qu’Abel et Gordon que certains prennent pour des artisans à l’ancienne aient tenté ce pari a un sens.

« Dans nos films, il y a toujours beaucoup de plans larges », explique Fiona Gordon. « Dans ces plans, on a un mal fou à bien distinguer tous les personnages. On n’a pas, comme Tati, accès au 70mm. On cherche donc tous les moyens possibles pour que nos personnages qui sont loin soient bien découpés et bien nets. Le 4K était un des moyens de remédier à ce problème. »

« Ça permet aussi lors de la phase de l’étalonnage de jouer encore plus précisément avec les couleurs, surenchérit Dominique Abel. Si on avait opté pour un étalonnage chimique (ndlr. Comme Bouli Lanners avec Les Géants), on n’aurait jamais pu arriver à ce résultat. On a fait un gros mélange de techniques diverses pour ce film. Petit à petit, on découvre l’univers de la postproduction numérique et c’est assez fascinant. Heureusement, nous avons été parfaitement guidés. Peut-être un jour passerons-nous au full numérique. En fait, on a déjà essayé cette fois-ci, mais on y a renoncé, car la prise de vues n’encaissait pas assez les hautes lumières, les grandes différences de contrastes. Comme on aime tous les deux passionnément la mer, ce n’est pas facile de travailler en full numérique dans ces conditions. On a donc coupé la poire en deux : tournage argentique et postproduction numérique. La prochaine fois, peut-être… « 

Soutenue par le Cluster Twist, Dame Blanche Genval est présente avec d’autres entreprises audiovisuelles wallonnes dans les travées cannoises. Comme La Fée a été reçue très très positivement par le public et les professionnels, il va de soi que la société brabançonne devrait en profiter pour asseoir sa jeune réputation et convaincre de nombreux artistes de faire appel à eux.

« C’est une grande fierté, confirme Paul Englebert, le sympathique cowboy numérique qui vient de se fracasser quelques côtes dans un douloureux accident de moto (prompt rétablissement, Paul!). « La gestion d’une post production en 4K implique une logistique très contraignante due au poids des images, et nombreux s’y sont cassé les dents. Notre coup d’essai s’est magnifiquement bien déroulé, et cette ouverture de la Quinzaine couronne un « workflow » sans faille. »

Et comme La Fée s’est penchée sur le berceau du secteur visuel de Dame Blanche Genval, le futur de cette société audacieuse est aujourd’hui placé sous les meilleurs auspices.