Comme chaque année, on attendait l’annonce de la sélection officielle cannoise avec une certaine fébrilité. Même si Wallimage est un fonds économique, la présence de longs métrages cofinancés en Wallonie à la grand-messe du cinéma mondial est toujours un grand moment et une belle récompense pour le travail de toutes les équipes qui ont contribué à sa réalisation.
Cette année, le festival français fête sa 72e édition… mais aussi le 20e anniversaire de la Palme d’or remise à Jean-Pierre et Luc Dardenne pour Rosetta, doublée, s’en souvient-on, d’un prix d‘interprétation féminine pour Émilie Dequenne. Depuis Rosetta, tous les films des frères ont participé au Festival.
En 2002, Le Fils a valu un prix d’interprétation masculine à Olivier Gourmet. En 2005, L’Enfant a décroché une deuxième Palme d’or historique tandis qu’en 2008 Le Silence de Lorna remportait le prix du scénario et qu’en 2011, Le gamin au Vélo se voyait remettre le Grand Prix du Festival.
Depuis, les frères n’ont plus été récompensés à Cannes : Deux jours et une nuit (2014), longtemps cité parmi les favoris, et La Fille Inconnue (2016) sont repartis bredouilles.
2019 sera donc une année cruciale pour Jean-Pierre et Luc qui reviennent (sans surprise) sur les marches du Palais avec un Jeune Ahmed qui résonne comme un retour formel aux sources de leur cinéma sur un sujet d’actualité brûlant.
Vingt ans, plus tard, les Frères peuvent-ils marquer l’histoire et devenir les premiers réalisateurs à remporter une troisième Palme d’Or ? Rien à ce stade ne nous permet évidemment de risquer un tel pronostic, mais tout ce que nous savons du film nous autorise par contre à penser que cet exploit est totalement de l’ordre du possible. Histoire de confirmer que Jean-Pierre et Luc Dardenne ont révolutionné le cinéma mondial à la toute fin du siècle dernier, inspiré des dizaines d’artistes majeurs du cinéma contemporain et resteront à jamais reconnus comme des icônes adulées du 7e art.
Pour Wallimage, il s’agit aussi d’une espèce d’apothéose puisque le fonds wallon fut créé dans la foulée du triomphe de Rosetta et qu’il a cofinancé tous les films du duo qui est toujours resté fidèle à sa région d’origine, à ses équipes techniques et à ses préoccupations sociales. Un exemple rare d’authenticité et de loyauté absolue qui fait honneur à notre région !
(la photo qui illustre cet article est signée Christine Plenus)