Wallimage revient à Cannes avec quatre films

  • 12.05.2022

Cannes, ses marches tapissées de rouge, ses stars, ses paillettes. Cannes, ses Premières fastueuses, ses rendez-vous incessants, son marché pléthorique. Cannes et le joli mois de mai, délaissé depuis deux ans pour cause de pandémie mondiale et qu’une édition détendue et ensoleillée en juillet dernier a failli ne pas nous faire regretter. Mais en 2022, tout rentre dans l’ordre : retour aux affaires, retour à la compétition qui aligne les promesses comme des perles et aux sections annexes où on découvre souvent des pépites excitantes.

 

Pour cette 75e édition qui se tiendra donc du 17 au 28 mai, Wallimage sera une fois de plus sur le pont. Avec quatre films dans sa besace. Bien sûr, nous sommes un fonds économique et nous choisissons nos coproductions en nous basant sur des données financières, mais une présence sur la Croisette est toujours un plus, une opportunité d’attirer l’attention de producteurs étrangers à la recherche de délocalisations rentables sur la Wallonie.

 

Nos quatre longs métrages sur la Croisette représentent parfaitement l’identité du fonds wallon, balayant au passage les sections les plus diverses.

 

Pour la huitième fois, nous accompagnerons dans l’auditorium Louis Lumière, une nouvelle réalisation de Jean-Pierre et Luc Dardenne. Une heureuse habitude pour Wallimage, né (faut-il le rappeler ?) dans la foulée de la première Palme d’Or wallonne décrochée par Rosetta.

 

Depuis 2002 et la sélection officielle de Le Fils (prix d’interprétation pour Olivier Gourmet), nous n’avons pas manqué un seul rendez-vous cannois des frères. Ils ne nous ont jamais déçus. En 2005, le duo remporte une deuxième Palme d’Or avec L’Enfant et en 2008, le Prix du scénario pour Le Silence de Lorna. En 2011, Le Gamin au Vélo hérite du Grand Prix du Festival tandis que Deux Jours et une Nuit empoche en 2015 une mention du jury œcuménique. Après la sélection officielle de La Fille inconnue en 2017, Le jeune Ahmed décroche le prix de la mise en scène en 2019. Un palmarès exceptionnel que pourrait compléter cette année, le petit dernier, tendu et terriblement d’actualité : Tori et Lokita. Pour l’anecdote, les Dardenne Brothers retrouveront dans la compétition, le président du jury qui, en 1999, a milité pour qu’ils soient couronnés : le grand David Cronenberg en personne.  C’est Vincent Lindon qu’il faudra convaincre cette année, ce qui, vu la fibre sociale et la cinéphilie de l’acteur français, ne semble pas insurmontable.

Producteurs avisés, les frères présenteront aussi Les Harkis de Philippe Faucon qu’ils ont coproduit avec les films du Fleuve. Ce film soutenu par Wallimage raconte un épisode méconnu de la guerre d’Algérie et est programmé à la Quinzaine des réalisateurs. Il réunit notamment Pierre Lottin (les Tuches) et Théo Cholbi… qu’on retrouve à l’affiche de La Nuit du 12, sélectionné à Cannes Première.

Coproduit en Belgique par Versus, le nouveau long métrage de Dominik Moll (Des Nouvelles de la Planète Mars, Lemming, Harry, un ami qui vous veut du bien…) suit une enquête… qui ne permettra jamais d’identifier le coupable. Le pitch est original, mais l’intérêt du scénario est ailleurs, dans l’examen clinique du travail et de la vie de gendarmes (Bouli Lanners et Bastien Bouillon dans les rôles principaux), confrontés au mystère et au désarroi de la famille de la victime.

 

Pour compléter cette proposition déjà très enthousiasmante, nous avons accueilli avec une joie non dissimulée la sélection dans la section Cannes Junior des Secrets de mon père que Vera Belmont a terminé cette année. Oubliées l’attente et les incertitudes : le long métrage d’animation, en partie réalisé en Wallonie, est là et il bénéficie en outre d’un casting vocal formidable. Jacques Gamblin, Arthur Dupont et Michèle Bernier sont en effet les interprètes principaux de ce film délicat qui retrace les instantanés décisifs d’une enfance passée dans l’ombre de la Shoah, du plat pays à la terre promise, entre cauchemars et moments plus légers, mais toujours hantés par le souvenir. Une coproduction belge signée John Engel (Left Field Ventures) qui promet beaucoup d’émotion et s’avère plus indispensable que jamais à notre époque où les valeurs les plus fondamentales sont constamment remises en doute par des hordes de révisionnistes paranoïaques.